mardi 27 novembre 2012

Chant bleu



D'un bout à l'autre du monde, la baleine traverse les mers et les océans.

Solitaire au fond des noires abysses, elle chante pour se sentir moins seule.
"Où êtes-vous mes soeurs?" dit sa chanson.
Seul le silence lui répond.

Du sud au nord de la terre, la baleine trace sa route, sans s'arrêter. Sans s'arrêter, elle dort et rêve... Dort et rêve d'une petite fille... Qui rêve elle aussi et entend son chant?

Petit point perdu au milieu du grand océan, la petite fille se dirige vers elle et la rejoint.
Minuscule, elle grimpe sur le dos imposant de la baleine. Quelle joie de faire le chemin ensemble!

Le soir, la petite fille est fatiguée.
Elle prend une longue inspiration et se laisse emporter dans les flots qui s'engouffrent dans l'immense bouche.
Quelles secousses!
Puis, c'est l'accalmie...
Dans le ventre rose et chaud de la baleine, la petite se sent bien.
Elle se dépose, se repose.
Toute l'histoire du monde la traverse: l'histoire de l'eau, du vent et des tempêtes, l'histoire des plantes, des animaux et même des humains.
Elle reçoit les récits millénaires de la planète bleue.
Des jours et des nuits, hors du temps...

Un matin, du ventre rose émerge la petite.
La terre est proche, elle doit s'en aller.
Elle glisse le long du grand corps noire et humide de la baleine et se détache.

Quelle joie dans le coeur de s'être rencontrées!
Dans l'immensité bleue des mers, la baleine continue son chemin.
Sur les berges de la terre, la petite fille regarde son amie qui s'en va.
Ses yeux bleus lui disent:"Au revoir! Bonne route!"
Le chant bleu de la baleine lui répond:" Plus jamais je ne serai seule.
Toujours je serai avec toi!"

samedi 24 novembre 2012

Des bagarres


A la maison, on aime tous la bagarre.
Papa se dispute avec maman.
Maman avec Mimoune.
Ma grande soeur Jane avec Roy, le plus grand des garçons.
Et moi avec mon frère jumeau Rock, on se fait des salades aussi.
Il n'y a que Sally, le chien, qui est doux comme le vent du soir sur la plaine en été.

Pour démarrer une bagarre, il suffit d'un seul mot qui fait mal.
On l'appelle le "mot de travers"...
Cornichon- Trognon pourri- Fais ch...- Trou du c.."

Au moment où il franchit nos lèvres, c'est parti comme une poudre de dynamite.
ça fait Pan! Boum boum!
Et même parfois, y a des claques qui se perdent: Paf!

Après, sur le champ de bataille, maman ramasse les blessés, met des pansements et sèche les larmes.

La nuit, le calme revient dans la maison... le silence nous berce dans nos lits.
Et puis le jour se pointe et c'est reparti!

Jusqu'au jour où Sally est parti...! Sur la table de la cuisine une lettre "Mes oreilles n'en peuvent plus de vos cris. J'en ai assez, je pars." Signé-Sally

On a tous ouvert de grands yeux, d'étonnement: d'abord que Sally sache écrire et puis qu'il nous ait quitté...

Sans rien se dire, on a tous compris. On devait changer, parce que nous aussi, au fond, on en avait marre. Et peut-être que Sally allait revenir?

On a décidé- plus un mot de travers à partir de maintenant!
Chacun a trouvé son truc.
Papa a dit que des mots gentils à tout le monde même si son regard était furieux.
Maman chantait tout le temps, des berceuses et se promenait avec son rouleau à tarte qu'elle frappait de temps en temps sur le mur.
Grand-mère, souriait et on a tous bien vu qu'elle n'avait plus qu'une dent.
Jane ne regardait plus personne et passait son temps à se brosser les cheveux avec son revolver.
Roy est resté seul dans sa chambre sauf pour les repas. Il serrait sa fourchette si fort que l'on a eu un peu peur qu'il ne la fourre dans le ventre d'un de nous.
Rock, lui, s'est mis un sparadrap sur la bouche et il n'a plus rien mangé.

Et moi, je suis restée sur le perron de la maison avec les jumelles pointée sur l'horizon, en attendant Sally...

On a tous lutté mais à l'intérieur cette fois.

Les jours ont passé... Toujours pas de Sally.
Le soir du troisième jour sans bagarre, on s'est retrouvé autour du repas. La tristesse est venue manger avec nous. C'est papa qui a craqué le premier. Il y a une larme qui a glissé sur sa joue. Dans le silence, on l'a entendu coulé, comme un cri. Tous, on a suivi. Les pleurs ont glissé dans le potage. Plus on pleurait, plus nos assiettes se remplissaient. On en a bu encore et encore de cette tristesse. On s'est tous pris dans les bras, on s'est fait des bisous, on s'est consolé. Et puis, à un moment ça s'est arrêté. Epuisé, on a tous été au lit. Dans l'air, c'était vraiment calme et apaisant.

Le lendemain, j'ai repris mon poste sur le perron avec les jumelles et là je l'ai vu trottiner vers nous... Je me suis levée et j'ai crié: Sally est revenu!!!


Qui l'a dit...




ç la fourmi noire qui l'a dit à la fourmi rouge
qui l'a dit au scorpion
et lui, l'a dit à la tarentule.
Elle l'a raconté au serpent à sonnettes
qui l'a sifflé à l'oreille du lézard
et les abeilles l'ont aussi entendu.
Les abeilles sont allées le dire à l'écureuil.
L'écureuil l'a gardé un moment
puis l'a transmis au corbeau qui l'a fait savoir
à la vache et au taureau, au chevreuil, au coyote et au mustang en passant.
Le coyote l'a ramené dans sa bande.
La bande des coyotes l'a racontée à celle des chiens sauvages.
Le lynx a écouté le vent alors lui aussi, il a l'a su.
le lynx est allé voir le loup, qui a réfléchit.
Le lendemain, le loup est allé voir l'ours, qui, à ses mots, s'est levé de surprise.

"La panthère noire est revenue dans notre canyon".

Il y a eut un cercle de paroles avec tous, pour décider quoi faire. La rencontrer? La chasser? L'écouter?

Chacun a donné son avis, sans rien pouvoir décider.
Ils sont tous rentrés chez eux, dans le grand silence, sous l'oeil de la lune qui semblait s'amuser.

Le lendemain, chacun se tenait sur ses gardes. Tous avait peur de croiser la panthère, sauf l'ours qui se savait le plus fort.

Ce jour là, sous le soleil brûlant, la terrible panthère est venue voir la fourmi noire, pour lui dire quelque chose.
Puis, elle s'en est allée quelque part, on ne sait où.
Alors la fourmi noire a dit ce quelque chose à la fourmi rouge,
qui l'a dit au scorpion.
Le scorpion l'a dit à la tarentule
qui elle, l'a chuchoté au serpent à sonnettes,
qui lui l'a siffloté au lézard,
qui a fait de même aux abeilles.
Les abeilles l'ont fredonné à l'écureuil,
qui l'a transmis vivement au corbeau.
Le corbeau l'a répandu comme d'habitude à la vache et au taureau,
au chevreuil, au coyote et au mustang en passant.
Le coyote l'a amené à son clan qui s'est dépêché de le dire à celui des chiens sauvages.
Le lynx l'a entendu et l'a transmis en express au loup.
Le loup a un peu réfléchit et à l'aube, il est allé voir l'ours.

Quand l'ours a entendu ça, il est tombé sur son derrière:
"Vous êtes tous cordialement invité à ma fête de bon voisinage.
Ce sera une surprise-party d'enfer, promis!
Signé-la panthère noire
PS/ Ci-dessous mon adresse
"La coquette"
rue des ombres, 1
Chelly Canyon

Le soir, ils y sont tous allés pour rencontrer la panthère noire, leur nouvelle voisine.
La fête était terrible et ils se sont follement bien amusés!

lundi 8 octobre 2012

Bruxelles, Porte de Namur, un samedi fin d'après-midi.


Quand je l'ai vue, elle était couchée, inerte et la foule passait à côté d'elle, en la regardant de travers. Moi aussi, je passe à côté d'elle et en moi, il y a cette impression qu'il s'agit ici de non-assistance à personne en danger. Je m'arrête, deux hommes aussi dans le même mouvement. Nous échangeons «Que peut-on faire?» Ils s'en vont, je me rapproche. Son corps est frêle, elle porte un pantalon kaki, des baskets, un gilet. Je l'appelle en la secouant doucement. Elle se relève à demi et me chasse «Mais va te faire foutre!» Je lui dis «Je voulais juste vérifier que ça allait pour toi. Tu étais couchée là...» «Ouais, mais je suis défoncée!» «Oui, je vois...» Elle se redresse, s'assied et me parle d'elle. Elle a 18 ans, moitié manouche- moitié belge, se shoote à l'héroïne. Elle squatte pas loin. Une dame rencontrée quelques heures plus tôt, lui a proposé de l'héberger. Je me demande où sont ses parents. «Ils se défoncent, alors je fais comme eux.» Le sol se dérobe sous moi. Cette fille est complètement lâchée ou elle a tout lâché. Elle n'a que son chien pour attache «C'est mon seul ami.» Je le regarde, le pauvre et mon coeur a mal qu'il soit embarqué malgré lui, tout jeune et plein d'entrain, dans cette galère.
Je me tourne à nouveau vers elle et je la vois, jeune elle aussi et pleine de promesses mais ses yeux, tout de travers, montrent déjà des signes d'usure. A-t'elle mal de vivre ainsi? Je ne peux mesurer sa souffrance et en même temps, je sens se réveiller la mienne. Mon coeur s'ouvre. J'ai envie de rester près d'elle, de lui parler et d'éveiller le vivant en elle. Quelle prétention! C'est pourtant cette part-là que je tente de rencontrer. Il y a chez elle cette brutalité d'exister, cette façon d'être là, sans s'excuser. Et, à la même échelle, un désir de fuir cette réalité brute et parfois brutale.
«Les gens sont méchants» lance-t'elle et moi «Arrête de te droguer». Nos deux visions du monde se percutent. Les deux sont vraies. De là où je suis, je peux voir la violence qu'elle perçoit dans le monde, violence qu'elle se renvoie en détruisant sa lumière intérieure.
Encore maintenant, je ne peux savoir si cette lumière chez elle s'allumera au moment de ce jour où il sera trop tard et que dans un sursaut d'effroi car touchée par la grâce, sa décision de vivre l'emportera. Tout est possible et peut-être de témoigner de cette rencontre, est-ce plus profondément un appel que je fais à son âme.
Belle vie à toi, petite gitane et MERCI

lundi 24 septembre 2012


Dans le monde du milieu, je découvre les enfants de la lumière, merveilleux alliés qui réjouissent le coeur.
Dans ce même monde, le tambour invite au voyage. Connecté au coeur, des images improbables et poétiques, mais aussi guérisseuses se tissent.
Dans le monde d'en bas, rencontre avec l'animal totem et les alliés, tous dévoués, patients et bons conseillers à l'infini.
J'ai trouvé une alliance nouvelle, invisible et fiable, réconfortante et évolutive,
une famille qui vient à pic dans ce moment de ma vie.
Dans le monde du milieu, le monde visible, la turbulence est grande.
Il s'agit d'être perméable et axé à la fois, conscient du jeu des formes toujours mouvantes.
A la seconde même, c'est du passé. Tout meurt et renaît sous une autre forme.
Un détachement s'opère, chacun électron libre au sein d'un monde où les croyances éclatent à grands fracas de désillusions. Tissage du jour le jour...la journée commence... comment se terminera-t-elle?

samedi 15 septembre 2012

Ce qui devrait me faire souffrir, ne me le fait plus
Ce qui devrait me faire dire stop, ne me le fais plus
Ce qui devrait me tirailler, ne me tiraille plus
Est-ce de l'indifférence? Oui, en partie
Je suis là, dans ce grand cirque et je ne sais plus
Ce qui était moi, le jour d'avant, s'efface
Ce qui reste? Le oui à ce qui est là
Mais le oui à cet instant pourra se dire par un non! retentissant qui me surprendra par sa vérité


lundi 3 septembre 2012

Hommage à Luis Ansa qui a éclairé ma route. La création entière est un éternel donner. Rien pour moi qui ne soit pour l'(es) autre(s).  Agir avec le coeur, connecté à la Source.


jeudi 30 août 2012

Le trio amoureux… Le voilà qui se présente à nouveau.  Un passif de deux histoires « triolesques » dans l’'arbre généalogique, au niveau  de mes grands-parents, explique-t-elle cette récurrence ? Lors de mes histoires amoureuses précédentes, c’est moi qui avais créé la situation triangulaire. Ici, c’est « pour ma pomme »!
Trahison, duperie,  ce sont les mots de revendications, de colère  venus en premier. La blessure féminine ensuite, de ne pas être choisie, l’élue, la princesse pour son prince. Est-ce le bon scénario ? Colère, plainte, tristesse… N’est-ce pas l’expression d’un « ego » blessé, d’un « cela doit être autrement » ? Quelles histoires nous a-t-on fourré dans la tête à coup de Walt Disney?
J’ai un peu hésité à écrire cela sur le blog, sur la place publique, visible et exposé aux commentaires. Je prends le risque d’être perçue victime voire masochiste de justifier la conduite de l’autre.
Je ne la justifie pas mais plutôt que de la rejeter par un « non, ça suffit », je me propose de l’explorer comme la circonstance qui m’advient à laquelle je peux dire « oui » ou « non ».  Voir la peur qui est dans l’un et l’autre. Celle « d’accrocher » ou de « repousser ».
Je dis « oui » et j’observe : « Jusqu’où je peux supporter la tension qu’elle m’apporte ? Est-ce que je peux continuer à aimer dans cette complexité ? Funambulisme dans un match de boxe…
Sur le ring, le boxeur dit oui aux coups qu’il reçoit. Rien de personnel pour lui dans le combat, pas de de colère envers celui qui le frappe. Il dit merci car chaque coup est pour lui l’occasion d’apprendre. 

La vie me propose une situation à haut potentiel conflictuel. Me voici sur une sorte de ring. Bien sûr je préfère les caresses. Mais quand « le coup » se présente, comment je le reçois ? Puis-je le percevoir sans violence, dans un style non défensif-agressif ? Est-ce que je macère dans les blessures ou pas? Est-ce que je (me) compare ?  Ou est-ce l’occasion de tester où se trouve « ma » sécurité affective ? Dehors, dedans? Qu’est-ce que j’attends de l’autre? Une assurance? L'attente n'est-elle déjà pas l'erreur? Partager? Avec quelles énergies ? 
Et encore...
Est-ce que je peux prendre contact avec moi-même, avec bienveillance et  donner plutôt que prendre, quelles que soient les circonstances, telle la rose qui donne son parfum… ?
Quel boulot de lâcher! 

La possession de l’autre est une illusion. Une part de moi préfère à priori, un amour plus tranquille, plus équilibré avec un homme plus proche de ma nature. Je peux me bercer de « avec un autre, ça sera mieux » mais, je n’ai plus envie de repousser une situation récurrente qui toque à ma porte. En moi, aujourd'hui, la confiance en la vie est plus grande que la peur. Je peux apprendre, non plus en victime mais consciente, dans le ressenti. Des images blessantes surgissent…le cœur est écrasé, le ventre compressé… je laisse passer… 
Le coeur est ouvert.  
Me voici invitée à incarner la voie de l'amour, dans l'union des contraires, la seule qui permet la guérison. 



«L’enfer se transforme en paradis quand je lâche l’ego », c’est une des leçons que j’ai connue récemment, en toute clarté. Voici l’occasion de l’actualiser. Le chercheur est le cherché...
The Game is over !

lundi 27 août 2012


Je suis seule responsable de mon bonheur (ou de mon malheur). Gloups!
Et en même temps, je n'ai le choix de quasi rien; mon corps, je ne l'ai pas choisi, l'environnement dans lequel j'ai vécu et je vis, non plus. Pas plus que l'émotion qui me fait aimer tel être, tel pays, telle musique, telle activité, telle préférance amoureuse... ou pas.
Il y a un tel flot de chimie en moi, qui déclenche tel ou tel fonctionnement, que je peux passer ma vie à essayer de comprendre, à justifier mon attitude, à culpabiliser, à regretter, à croire que j'aurai pu faire mieux...

L'enseignement que je n'ai pas choisi (!)  nous (me) guide à voir notre fonctionnement dans telle ou telle circonstance, à l'accepter pleinement, amoureusement. Alors, l'ouverture, le décollement peuvent survenir, depuis le point de vue unifié; être joyeusement triste, en colère, frustrée... ressentir l'émotion dans un espace tactile.

Hier, en cette belle journée pluvieuse, j'ai vécu juste avec moi-même. J'expectais calme, centrage... la violence est venue, au début presque timide de venir chez moi sans nécessité. Puis elle s'est installée, comme un smog nauséabond. et une partie de moi, réactive, se débattait dans le brouillard.
L'étouffement est devenu peu à peu insupportable ainsi que le besoin de le fuir. Aucune circonstance, aucun "autre" trop violent à proximité, pour m'en décharger. Sans accusations, ni de projections possibles, j'étais coincée, juste elle et moi.

Alors je l'ai accueillie...

Je l'ai sentie dans les tréfonds, depuis la mémoire des cellules. "Rude" rencontre, soulagée par d'intenses moments d'ouverture... Au final, une journée riche d'enseignements qui s'est soldée par une boîte entière de cookies avalé sans remords. La douceur de maman sucre était aussi la bienvenue.

dimanche 26 août 2012



Quelque chose a changé... Ce qui me torturait, encore hier, m'apparait secondaire. Le contact du silence est là. Quel cadeau! Un espace vaste dans lequel je peux me couler et dans lequel je disparais. Les pensées s'agitent mais ne m'atteignent plus. Elles sont comme des pantins suspendus que je ne soutiens plus. Désirs, inquiétudes, questions... s'écroulent et retournent au néant.

Ce que je crois devoir faire, penser, contrôler afin d'obtenir un bien-être... est le besoin sécuritaire de l'ego, une fuite sans fin, mécanisme de défense contre la vie, qui est est impermanence, perpétuel renouvellement, dans laquelle nous, tous les vivants, sommes plongés comme dans un torrent. Nous, les humains, avons la possibilités du choix. Puisque c'est possible, nous pouvons lutter contre le courant, décréter que c'est cela qui est bon pour nous et pas cela. Libres à nous mais nous ne sortirons jamais «gagnants» de cette lutte. La tension est au final perte, épuisement.

Je ne contrôle rien. Je suis emportée sans savoir où me mène le courant. Je me laisse faire, la gratitude au coeur, dans la conscience du Grand Tout Amoureux.

mercredi 22 août 2012

Il fait encore nuit. Le rêve s'efface peu à peu. L'air est légèrement froid. Je quitte le lit chaud et m'assieds sur le tapis. J'allume l'encens. Son parfum embaume la chambre. Mes pensées font un tel vacarme que je ne sens pas le corps. Je reste. ça se calme, la vibration apparaît dans le bassin puis les jambes et gagne l'ensemble. Je fais ce qui m'a été enseigné. Le jour se lève dans le silence souverain. Quelques oiseaux chantent. La lumière est là. Je me sens vaste. La journée peut commencer...

dimanche 24 juin 2012


La hutte

Ton ventre est celui d'une femme enceinte. Il y fait noir, chaud. On est en toi, bercé, remué, malmené, transformé. On retrouve en toi la mémoire de notre passage dans la matrice, comment nous avons été accueilli, comment le lien s'est tissé entre notre maman et nous, comment nous avons accepté d'être là, avec ou sans âme soeur, restée ou pas.

Dans la hutte, pour le corps physique c'est souvent difficile. Abattu par la douleur et le manque d'air, le corps s'effondre sur la terre, où il y fait frais et respirable. L'ego lui, ne veut pas de cette expérience. Il prend le corps à témoin: n'est-ce pas insupportable? Ne peux-tu mettre fin à cette torture? L'ego dit "non". Mais nous ne sommes pas l'ego...

L'essence du vécu dans la hutte, c'est la prière. Gratitude à l'air, à l'eau, au feu du soleil, à notre terre mère. C'est le coeur qui pardonne et qui transmute la colère, la tristesse, l'attachement. C'est un oui à la vie, à notre présence sur terre.

La hutte, c'est aussi la tête qui fait mal, le mental qui résiste.

La hutte, c'est la sueur qui emporte les toxines de nos corps et qui se dépose dans la terre, transmutatrice.

La hutte, c'est la connection avec nos ancêtres celtes et à leurs enseignements.

La hutte, c'est ultra-personnel et ultra-collectif. La construire ensemble et la défaire, sans laisser de traces. C'est un ressenti au creux de l'intime, même si nous partageons le même ventre et le temps d'elle (et peut-être même plus?), le même corps, le même coeur, le même psychisme. Sous la protection du Grand Esprit, nous sommes unis.

La hutte, c'est le mystère du processus de purification et de guérison. Esprit de la sauge, esprit du gui, animaux totem, guides et messagers nous accompagnent et oeuvrent dans l'invisible.

Sorti de la hutte, nous renaissons. Nous avons changé, nous avons appris et si nous nous demandons le quoi, le comment ou le pourquoi, nos pensées ne peuvent répondre. Notre Etre, lui, le sait.

Om tare tuttare ture soha



samedi 23 juin 2012

Mon coeur est comme une vague
Effleurée par le vent au sein de la mer
Libre et majestueuse


Prendre la tendresse qui monte de la terre
S'embraser d'elle toute entière, cellule par cellule,
En vagues déferlantes

samedi 9 juin 2012

Un sentiment de pauvreté et de frustration
Sonne à ma porte dès le réveil
J'ouvre les bras à ces cadeaux vibrants

vendredi 8 juin 2012

D'où est venu ce noeud d'embrouilles?
Hier, il me semblait impossible à dénouer
Aujourd'hui, je le regarde, attendrie... je souris.




La pluie a versé les  larmes que je n'ai pas pu pleurer
Peu à peu le tourbillon se dissipe
Dans mon coeur, les nuages ont laissé place au soleil 

mardi 22 mai 2012


Cadeaux théières brisées
Sentir la chute dans le ventre
Impuissance et violence

Pardon Anne


samedi 19 mai 2012

Le soleil joue à cache-cache
Les pensées à saute-mouton
L'axe est dans le souffle

vendredi 18 mai 2012

Le corps étranger
Le vide et le rien
Matin froid

mardi 15 mai 2012

Arbre balancé par le vent
Nid de corneilles
Envol



lundi 14 mai 2012

Yoga du lundi matin
Bénédiction du soleil
Gratitude

dimanche 13 mai 2012

Dimanche matin
Réveil des ancêtres
Eclats de verres brisés

mardi 1 mai 2012

Si je laisse la peur m'envahir, au lieu de la laisser passer en goûtant ses petits doigts piquants au niveau de mon ventre, alors je laisse l'ego, avec son besoin de sécurité, s'exprimer.


Si je résous ce sentiment d'insécurité de l'intérieur et non en fonction des circonstances, je quitte l'esquif  ballotté dans une mer déchaînée et je garde intact le contact avec le centre de moi-même, L'Etre, sans autre besoin que l'amour qui est là à chaque instant.

lundi 6 février 2012

Haut les coeurs!


Je me plains. Lors d'une fiesta, les hommes ont pris trop de place, ont fait trop de bruits, taper trop fort sur les tambours... Ne peuvent-ils pas être comme nous les femmes, sensibles, délicats, attentifs, voire sacrificiels?

Je caricature à peine ma pensée... quelle violence n'est-ce pas? Celle justement que je "reproche" aux hommes. Qui a commencé cette histoire? Voici un insondable infini, comme pour la question de la poule et de l'oeuf. Suis-je seule à penser cela des hommes, de blessée à blessante? Ne sommes nous pas quasi toutes, des blessées du masculin? Et sachant cette souffrance, ne s'agit-il pas de sortir du cycle infernal?

Les hommes meurtrissent, physiquement encore souvent (les chiffres sont effrayants). Les femmes, de manière plus voilée, en général: prendre de haut (nous sommes tellement mieux!), le silence larvé de reproches, la frigidité? Armes du pauvre et de la victime, et qui dit victime, dit bourreau et rêve de sauveur.

Pour ma part, le silence est à double face: il retient le reproche mais aussi garde la violence des mots qui peuvent blesser, comme s'ils avaient la faculté sans aucun contrôle possible, de se glisser dans le fracas comme sur une pente savonneuse...

La violence comme réflexe, la guerre comme habitude. Qui a eu mal, attaque. Qui souffre, se venge. L'humanité est encore souvent là. J'y suis encore parfois. Se tenir dans le connu de l'incompréhension, rester dans son quant à soi et laisser le coeur se refermer comme une coquille de noix qui dérive, solitaire...
Si je considère les qualités masculines et féminines. Voici un bel article qui dit mieux que je ne pourrais le faire.
http://alliancecreatrice.over-blog.org/pages/comment-et-pourquoi-classer-les-qualites-feminines-et-masculines-3006222.html

L'entente est possible, haut les coeurs! 2012, année du couple sacré? Sommes nous fait pour vibre-vivre ensemble? Est-ce la fin d'un rêve, ou le début d'un autre après l'expérience de la déception? Quitter l'illusion et enfin, se reconnaître, nous entendre, être à l'écoute l'un de l'autre, s'apprécier.

dimanche 29 janvier 2012

Intégration


En général, dans la vie, je pense être quelqu'un de bien. Je suis pleine de défauts comme tout le monde (sic!) mais je ne ferai pas de mal à une mouche (par contre un moustique j'avoue que...!)
Des rêves récurrents me parlent d'autres choses: les liens que je tisse avec les autres sont compétitifs, truffés de sentiments de supériorité ou d'infériorité, l'ensemble généré par la peur de monter "sur les planches" du grand spectacle que nous allons tous jouer.

Cette nuit, ce rêve est encore une fois revenu et cette fois, je décide d'y prêter un peu plus attention. Que me dit-il exactement?
Que ces parts de critiques, de jugements, de peur je les connais mais qu'est-ce que j'en fait? Je les renie, je les repousse, histoire de me voir plus cool?

L'avantage est pourtant réel de ne pas nier ces parts d'ombre. Me solidariser avec elles me permet de les voir chez l'Autre sans m'en agacer, sans lui reprocher. Elles sont en moi. Vais-je les projeter ou plutôt les accepter lorsqu'elles se présentent en moi, dans le contact intime du corps? Le choix du rejet ou de l'intégration s'offre à moi. L'erreur aussi ainsi que le pardon.

L'année nouvelle, 2012 est bien là. Plus d'ennemis mais bien des énergies à reconnaître sans jugement sur elles. A l'écoute de tous mes rêves... "Nous sommes embarqués!"

dimanche 15 janvier 2012

Peur

Explorer le lieu de la peur. Il est rare que nous soyons réellement en danger et pourtant, la peur sourd à bas bruit, comme un réflexe. Notre monde même est construit sur elle. Compétition plutôt que partage, struggle for life... Naturellement pourtant, nous sommes des êtres d'amour et de confiance. Suffit-il de choisir? Oui, il s'agit bien d'une décision, prise en son fort intérieur. Incarner ce choix, c'est être Jesus avec cette parole «Ce que je suis, vous l'êtes aussi.»

Voyage chamanique. Intention: confiance et créativité.

J'ingurgite une substance médecine (Elle) hautement intelligente mais aussi totalement incontrôlable. Très vite, la paranoïa se pointe. Je me sens à sa merci et la perçois comme un alien. Je me traite de folle: avoir accepté de la prendre en moi sans aucun pouvoir sur ce qu'elle va me faire: me torturer, me rendre folle, voire me tuer.

Avec Elle, aucune habitude possible, aucune stratégie, ni autre manipulation. Elle agit et il s'agit de se laisser faire, «surrender». En cas de difficultés, pour seule bouée, respirer ou danser, tous deux avec l'aide de chansons guides.

Plus le voyage avance, plus la peur et la solitude grandissent avec deux messages qui se font face, lieu de la double contrainte: me détendre (respirer en conscience) en acceptant la peur ou lutter en sachant que, avec cette substance, cette solution n'est probablement pas la bonne. Gloups!

«Reste en contact avec ta peur» Ces mots-cadeau glissés par mon voisin de voyage disent que l'alliance est possible. De plus, le shaman veille, je le sais. La confiance regagne du terrain.

Je reste sur le fil. Sur la crête, je contemple l'abîme et puis, je cède, la peur panique l'emporte: envie de crier «au secours» à tue tête, que l'on me coupe la tête!

On ne m'a pas coupé la tête, j'en témoigne :-) Par contre, ô joie! J'ai pu recevoir l'enseignement : approcher de quoi la peur était constituée. Peur de mourir, oui, oui, bien évidemment. Et aussi, à son exacte mesure, la peur de vivre. «Mais c'est horriiiible!» Au point d'incandescence amené par la substance, la vie est nue, d'une intensité qui peut sembler... terrifiante!

Dans le tohu bohu de la vie «quotidienne», amené à des niveaux d'intensité moindre (pour ce qui me concerne) le contrôle, l'ego fait sa besogne: nous maintenir dans le connu même s'il est souffrant plutôt que d'être dans la confiance. Contrôler par peur de...
Dans le travail avec la médecine, nous sommes plongé jusqu'au cou dans l'inconnu, dans le moment présent, le sans- repère C'est l'ici maintenant, sans aucune échappée. Le faux moi, l'ego, ne peut le supporter. Pour lui,c'est l'enfer, sa mise à mort...

A ce niveau émotionnel, ça a lâché; la substance s'est dégagée de moi, emportant au passage une partie du contrôle que j'exerçais sur la vie.

Munie de la boussole, je suis arrivée à bon port. celle de savoir que la peur n'est pas qui je suis réellement. Je suis la confiance, l'amour, la joie, la béatitude.
Mon essence a jaillit, mmmh, quelle savoureuse paix!

Dès maintenant, l'intégration se rappelle à moi alors que l'ego refait surface. Il s'agit de distinguer la machinerie de dupe qui se remet en place, de suivre les pensées, les paroles, les actes égotiques comme étant moi ou pas. Au turbin!

dimanche 8 janvier 2012

ôde


Du sang des femmes est né le monde
Elles ont enfanté la ronde terre
Courbes gracieuses, tendresse du vent, montagnes joufflues
De te savoir présente, ô mère terre,
Mon âme s'épanouit
Et si je crains de mourir
C'est de ne plus pouvoir te contempler, te sentir, te humer
M'émerveiller de ta beauté
Tu m'apparais… je peux enfin te sentir
Socle où peuvent se déposer mes pleurs les plus profonds
Tout autant que mon bassin qui exulte de joie dans une danse sacrée

Je t'écris en ce jour de l'an nouveau
Je te vois bleue de tes océans, bleue de ton ciel
Mon coeur bleu t'honore

En mon âme humaine je te reconnais et te Ho’oponopono:
Désolée si par mes actions et mes pensées je t’ai donné la fièvre en profanant ton sensible tissu de vie
Pardon d'avoir été aveugle de ta beauté divine niant ainsi ma propre divinité
Merci pour ton soutien, ton amour, ta générosité encore et encore
Je t'aime,

Ta fille, apprentie jardinière cosmique

Cette ode je la dois à quelques êtres précieux

Marie-Claude qui m'a permis de prendre le chemin de la sainte colère.
Cristian, compagnon, qui par ces paroles de dignité transmise, s'est lui aussi mis debout sous mes yeux ébahis
Anne et Irène, avec vous, à chaque rencontre, je partage amour, écoute et respect
Captain T. que je reconnais pour guide
Eric guide lui aussi
Kouka, jeune chienne au regard tendre
A toi, la vache menée à l'abattoir dont j'ai croisé le regard, infiniment doux, infiniment triste
A toux ceux que j'aime et qui sont chers à mon coeur