samedi 26 mars 2011

Paris, gare du Nord.


La foule l’entoure, dont moi qui la regarde. Pourtant elle est toute seule. Trottoir de passage, allées et venues, chacun s'affaire. Elle, elle n’a rien à faire. Elle est d’abord sur un banc. Début du printemps, le soleil se lâche après le sommeil de l'hiver. Il fait chaud. Le visage de la dame est penché vers le sol. Elle a, près d'elle, une valise à roulettes. Elle se lève, fait quelques pas. Elle tue le temps ou le temps l’a tue. Je la vois de plus près. Elle porte des pantoufles à carreaux, un imperméable beige. Elle est petite, ses cheveux sont gris, crasseux, hirsutes. Elle avance dans un sens, puis dans l’autre. Lorsque la foule se fera plus éparse, elle pourra s’installer quelque part, dans un recoin de la gare ou sur le trottoir. Un moment, j’ai envie de m’approcher, pour lui offrir un peu d’argent, j’hésite. Je ne fais rien. Moitié par peur de la déranger, l'autre moitié par lâcheté. Suis-je blindée? Je rentre dans la gare pour prendre mon train, sans plus la regarder.
Le lendemain matin, je repense à elle. Son image pénètre en moi, comme une lame froide dans le cœur. C'est trop tard, je n'ai rien fait pour l'aider. Me reste la possibilité d'une prière pour elle. Surgit une voix dedans dehors (!) « Ne t’inquiète pas, elle n’est pas seule. Nous sommes près d’elle. Nous prenons soin d'elle, comme nous prenons soin de toi. Mais si tu veux agir, fais le, sans réfléchir, ose.»
De la savoir "protégée", un lourd fardeau tombe de mes épaules. Merci."

Il est là !



Voici le printemps !

Me vient une image, celle de recueillir au creux de la main telle 1 perle de rosée, l’émotion tout au fond enfuie dans la grotte du cœur. C’est peut-être douloureux ou pas? Quoiqu’il en soit, la laisser fondre sur sa peau plutôt que de « vouloir autre chose de mieux ». Voici l’amour qui ouvre ses rayons de lumière…

Ciel. Tel un ciel bleu de montagne, silencieux et clair, l’émotion se détache. Apparaît la vastitude de « voir » : La vie est expériences où se niche, entre autres, un coffre merveilleux, celui des émotions. Microcosme de geysers, cascades et torrents, giboulées, éclairs et tonnerres, de brouillard, de lac paisible ou de pluie fine, de soleil radieux, le tout dans le macrocosme de l’univers.
Intense solitude- Lien indéfectible avec le plus intime de Soi et « le plus grand » que soi. Simultanément.

mardi 15 mars 2011

Dans les ovaires de ma mère

Dans les ovaires de ma mère, il y a la générosité des femmes qui portent l’enfant dans leur chair, et le font naître malgré la fatigue, malgré la douleur.

Dans les ovaires de ma mère, il y a la mémoire de ses sœurs louves, biches, baleines, grenouilles et libellules.

Dans les ovaires de ma mère, il y a les larmes des femmes exploitées, dominées, humiliées et violentées par le patriarcat.

Dans les ovaires de ma mère, il y a le trop grand souci de l’autre versus la trop grande négligence de soi.

Dans les ovaires de ma mère, il y a la bonté des femmes qui donnent sans compter, même si elles reçoivent peu.

Dans les ovaires de ma mère, il y a le rêve d’un monde en harmonie.

Dans les ovaires de ma mère, il y a toutes les générations mélangées depuis la petite fille jusqu’à la grand-mère archaïque.

Dans les ovaires de ma mère, il y a une femme qui court avec les loups. Elle porte dignement une couronne de fleurs et les oiseaux saluent son passage de leur chant.

Dans les ovaires de ma mère, il y a une peur viscérale, abyssale, sans nom.

Dans les ovaires de ma mère, il y a le chagrin inconsolable des mères qui perdent un enfant.

Dans les ovaires de ma mère, il y a la reconnaissance des femmes entre elles pour honorer le sacré.

Dans les ovaires de ma mère, il y a un cœur en compote du manque de caresses, de berceuses, de mots doux. Il est le legs des blessures des femmes avant elle.

Dans les ovaires de ma mère, il y a un cœur de compassion qui le relie d’un fil d’or à tous les cœurs des êtres sensibles de l’univers.

Dans les ovaires de ma mère, il y a tous les possibles du féminin ; princesse, amante, prostituée, sainte, mendiante, sorcière, fée, magicienne.

Dans les ovaires de ma mère, il y a la force d’être vulnérable.

Dans les ovaires de ma mère, il y a la beauté du dedans et le regard des femmes qui voient la beauté en chaque instant.

Dans les ovaires de ma mère, il y a une fille qui prend soin d’elles.

Dans les ovaires de ma mère, il y a la dépendance à l’homme, la peur de perdre celui qui l’a fait vibrer, en oubliant que c’est d’être amoureuse qui est à l’origine de la vibration.

Dans les ovaires de ma mère, il y a l’amour d’une femme, fille de la Mère cosmique pour un homme, fils du Père céleste.

Dans les ovaires de ma mère, il y a des anges qui, avec leur trompette, soufflent des notes légères et guérisseuses en forme de bulles à savon. Elles disent : « Si tu as besoin d’aide, demande et je te l’apporterai ».

Dans les ovaires de ma mère, il y a six œufs qui seront fécondés, dont un, celui de la petite dernière, qui contient mon passé, présent et futur, le tout rassemblé.

Dans les ovaires de ma mère, il y a des particules d’amour en dedans l’ADN tout comme dans chaque recoin de l’espace.

Dans le silence des ovaires de ma mère, il y a un chant inaudible. Il dit : « All is full of love »

mardi 8 mars 2011

Vieillir


Quand on vieillit, on perd de son joli mais on devient beau.