dimanche 27 février 2011

Moelleuses châtaignes.


Préparé en dix minutes top chrono, voici le moelleux et roboratif
« Gâteau de châtaignes aux pruneaux ».
La recette provient des recettes biogourmandes (sans laitages ni gluten) du magazine Valériane.

Verser dans un plat 360gr de purée de châtaignes nature (au delhaize ou maga bio).
Ajoutez 10 cuillères à soupe de miel ou sirop d’érable (le nec !) ainsi que 2 cuillères à soupe de purée de noisettes. Mélangez le tout à l’aide d’un fouet. A ce niveau de la préparation, il est possible que vous « craquiez » devant ce délicieux mélange. Vous êtes prévenus. Je me dégage dès maintenant de toute responsabilité si vous devez desserrer votre ceinture de pantalon :-)
Incorporer six cuillères à soupe de farine de châtaignes. A ce stade, vous ne risquez plus rien. La farine est trop indigeste. Ajouter deux œufs. Fouetter jeunesse !
Couper en petits morceaux une vingtaine de pruneaux (dénoyautés of course et préalablement gonflés dans de l’eau, c’est encore mieux.) Ajouter-les à la pâte.

Zou dans un plat huilé et rezou dans le four, thermostat 7 (200 degrés ?).
Cuisson : 25-30 minutes. A surveiller, le coquin. Il doit être cuit et tendre à la fois.

Miam !

Voici pour les plus pervers d'entre vous le lien du gâteau chocolat-châtaignes!
http://www.chocadom.com/recettes/index.phtml?id=3&rec=37

mercredi 23 février 2011

Félicie

Elle me regarde, ma Félicie. Nous sommes dans son dernier lieu de vie où elle attend la délivrance. Elle dit « J’en ai assez de cette vie. Je veux bien partir maintenant. » Elle s’excuse en riant un peu, pour déposer sur ce fardeau de mots une bulle de légèreté. Elle a baissé les yeux puis les lève à nouveau vers moi. Je vois ses yeux couleur d’eau de pluie, avec de la nacre autour, que la vieillesse a déposé. Le temps se dilate, s’apaise. Il se repose au creux de cette chambre où trônent des photos de ses deux amours, son mari et Jésus. Un flot de souvenirs entrent dans le fond du silence et nous berce. Je revois son sourire canaille lorsqu’elle me servait un petit verre de Martini, après la messe du dimanche. Un peu éméchées, nous dansions quelques pas en riant aux éclats. Je revois les charbons rouges vifs de son poêle dont la chaleur moelleuse nous enveloppait pendant que nous regardions la télévision. Je me souviens du steak qu’elle faisait trop cuire accompagné de salade croquante, fraîchement coupée du jardin, qu’elle partageait toujours avec joie, même si je débarquais à l’improviste. Sa mine douloureuse lorsqu’elle montrait ses genoux gonflés de rhumatismes. Les allées de gui où nous jouions à cache-cache pendant qu’elle ramassait ses patates sous la lumière d’été. Je goûte encore la douceur de sa peau douce comme une pêche mûre.
D’évoquer son souvenir fait remonter en moi toute l’affection que je lui porte.
Elle n’est pas dans mon arbre généalogique mais qu’ais-je pris de cette voisine qui était pour moi comme une tendre grand-mère? Il y a les mots qui marquent l’âme au fer rouge mais aussi ce qui se trame entre eux ou en leur absence. Ce sont les impressions qui font promettre à l’enfant « Un jour, je serai comme … » Son destin de solitude, je ne sais s’il s’est déposé en moi, comme une image au creux de mon cœur mais si ce pacte a existé, je le descelle à présent, tout doucement pour ne pas la brusquer.
Viennent ces mots pour elle « Je te vois, chère Félicie, je te porte dans mon cœur ».

jeudi 17 février 2011

Le mystère du juste et de l’injuste ou le mystère de Dieu.


Tadaam...! « Dieu est juste et bon ».

Ce refrain, je l’ai entendu toute mon enfance lors de la messe dominicale. J’ai même encore le refrain en tête que je vous chanterai, si vous le demandez gentiment.

Dieu a créé l’homme à son image. Mais n’est-ce pas plutôt le contraire ? Dieu, sorte de père au pouvoir supérieur, qui me récompensera si je file droit. N’est-ce pas ce Dieu que nous avons gardé quelque part dans les tréfonds, dans notre cave souterraine nommée "l'inconscient" ?

Si la vie m'est favorable, alors c’est juste. Si cela n’est pas à notre idée, comme cela devrait être, alors c’est vraiment trop injuste (hello Calimero !) Qu’ai-je fait pour mériter cela ? Ai-je vraiment fait toutes ces bonnes actions pour rien !???!!! Que d’impuissance…

Quant à la maltraitance des enfants, des vieillards, des animaux, de tous ces êtres vulnérables qui subissent la violence des plus grands, des plus forts, des plus méchants ? C’est tellement insupportable… Il m’est venu parfois de ressentir une énorme colère contre ce Dieu, créateur d’un tel théâtre des cruautés. Mais s’agit-il d’une colère envers Dieu ou de celle envers ce Père qui est censé nous protéger car « juste et bon » ?

Vu à l’échelle des hommes, c’est sûr ce Dieu est bien imparfait. Il y a de quoi, le dimanche, préférer la grasse mat ou la promenade en famille plutôt que d’aller prier un tel Dieu. Mais en regard de la Vie, en regard du Cosmos, que savons-nous de ce qui est juste ou injuste ? Qu’en est-il en dessous- au dessus- à côté des apparences ? Que savons-nous de ces destins au départ si mal barrés, qui se révèlent chemin de perles offertes au cœur ébloui ? Qu’en est-il de la réincarnation ? Ne sommes-nous que poussière qui retournera en poussière ? L’enfer est-il ici et là bas le paradis ? N’est-ce pas notre propre regard qui crée l’un ou l’autre ? Nous sommes, nous aussi, créateurs…

Dieu a créé l’homme libre, cruel ou merveilleux par ses actes, sa pensée, sa parole. Ange ou démon, avec toute la gamme subtile d’entre les deux: à lui de choisir. Terrible et magnifique liberté, rude et excitante école.

mercredi 16 février 2011

Murmure



Je te porte dans mon coeur.
Le voici doux comme les pétales des cerisiers en fleurs.

Bon à savoir

SI TU NE SAIS PAS? FAIS COMME SI!

jeudi 10 février 2011

La trahison


Je marche sur les bords du trottoir. Le jeu consiste à ce que chaque pas se pose dans l’intersection des dalles de pierre. Je me donne l’illusion d’une magie au bout de chaque pied et me concentre totalement : si je réussis, ma destinée en sera-t-elle changée ? Ce jeu, c’est l’espoir d’avoir une deuxième chance et de conjurer le sort.
Zoom arrière : une petite fille joue à marcher selon une règle précise sur le bord du trottoir.
En dedans, cette petite fille est morte. Plus d’espoir. Lien au monde coupé. Vie foutue. La trahison a brisé la confiance. Dans son ventre, elle ressent un grand vide. Ses yeux regardent mais ne voient plus rien. Son cœur parfois lui fait très mal mais elle ne pleure pas.

Dans le village, je suis très polie, je dis bonjour à tout le monde même aux gens qui font grise mine. Je grapille comme je peux les sourires. Parfois, on me complimente. Pour moi, c’est énorme. Pendant des jours, je me répète les mots, comme des pierres précieuses dans un sac.
Des mots joyaux, personne n’en a dans ma famille alors forcément, on ne s’en offre pas. Il y a les mots pratiques, ceux qui disent que telle chose est telle chose. Les mots que j’espère entendre, je ne les reçois pas. Jusqu’à ce que je découvre les mots joyaux, je n’en souffre pas. Puis, quand je les découvre, en dehors de la maison, ils me font souffrir par leur absence.

Le seul qui me montre de l’attention, c’est mon grand frère. Avec lui, j’ai presque l’impression d’être réelle. Oui, c’est bien à moi qu’il parle.
Un jour, il y a la trahison. Elle n’est pas contre moi, il n’y a pas de haine là-dedans. Non, juste une décision qu’il a prise : il n’habiterait plus avec nous. Sa vie est ailleurs, avec sa copine, avec ses amis. Je ne laisse rien voir et même à l’intérieur, je ne tressaille pas. Le sentiment d’abandon s’infiltre en silence.

Nous avons deux maisons: l’une, celle où j’ai grandi, est celle où nous vivons la journée avec lui et que nous quittons, sans lui, après le repas du soir devant le journal télé pour rejoindre la deuxième. C’est un grand appartement en ville dans lequel nous passons la suite de la soirée devant la télé, pour nous coucher ensuite. Nous repartons le matin jusqu’à la première, celle du village où mon père a son magasin et de laquelle je pars pour prendre le bus vers l’école. Une vie schizophrénique.

La nuit, mon grand frère n’est plus avec nous. Celui qui ose s’élever contre mon père, celui qui ose directement se confronter à lui, n’est plus là. Mon protecteur m’a quittée.
Le week-end, mes parents sortent et ma grande sœur aussi. Mon plus jeune frère et moi restons seuls. Ces nuits-là, j’erre dans l’appartement déserté sans pouvoir m’endormir. La voiture de mes parents arrive souvent très tard. Les pas dans l’escalier sont lourds, le silence chargé de menaces.
Le rempart de protection s’en est allé. Je me terre, porte verrouillée dans ma petite chambre. Je me sens totalement seule, engloutie par la violence et la profondeur de la nuit.

Mon grand frère n’est plus là. C’est ainsi. Chacun mène sa vie. Il préfère d’autres à moi, sa petite sœur. Je ne peux lui en vouloir même s’il m’a laissée sans un mot.

Dans ma tête d’alors, une brique de croyance s’est ajoutée: je suis celle que l’on délaisse, celle qui ne vaux pas grand-chose, pas même un mot. Il ne me reste que de me haïr un peu plus…

vendredi 4 février 2011

L'épreuve



L’obstacle est là, bien en face. Il est « ce que l’on ne veut pas », « ce qui ne devrait pas être », contre quoi on lutte, contre quoi on est impuissant. Un sentiment de claustrophobie s’empare du corps et de l’esprit. La confusion règne.
Que faire ?
La fuite, l’agression ou faire le mort sont les trois possibilités mises en lumière par Henri Laborit dans son fameux « Eloge de la fuite ».

L’agression est la colère contre l’obstacle ou contre soi : rancune, amertume, mutilations, suicide.
La fuite réelle ou imaginaire : démission, rupture, addictions diverses : drogues légales ou illégales, sexe, jeu, nourriture, travail à outrance, occupations divertissantes.
Faire le mort ou tirer la prise psychique : chagrin, résignation, dépression, désespoir.

Tous à un moment de notre vie rencontrons l’adversaire et subissons l’impuissance. Les trois modes de réaction sont très souvent explorés. Il en est pourtant un quatrième, paradoxal et plus exigeant : dans cette tension extrême, il s’agit de se détendre.

L’ego ne peut rien y faire : « détends-toi » dans la volonté, ça ne marche pas. L’exploration de la détente se fait en dedans de soi, dans une écoute sans intention, sans identification. La tension est là mais je ne suis pas elle.

Ressentir en dedans, ça risque de faire mal. Il y a là certainement une vieille souffrance de l’enfant qui a refoulé ses émotions lorsqu’il a vécu l’impuissance. Il aura plus ou moins bien passé le cap de la frustration et aura reçu ou pas, conseil et soutien émotionnels.

Se détendre signifie de reprendre contact avec un vieux truc souvent bien enfoui. Accepter d’être parfois profondément triste, ou en colère énormément contre soi, les autres et même Dieu, en vouloir à sa propre vie si désolante, si dégoûtante, n’est pas confortable. La tentation est grande de fuir à toutes jambes, de se distraire pour ne plus penser, de se refermer, ou d’agresser le monde entier.

Cette « descente » est jalonnée d’aller et retour. Le désir titille vers « autre chose », vers « s’en sortir » et souffle à nouveau à l’oreille que la vie devrait, pourrait, être plus légère, plus heureuse. Notre société nous offre tant de ces belles images. L’espoir se faufile d’y ressembler, mais non, la douleur est toujours là, et ne veux pas nous quitter.

Y rester demande beaucoup de forces intérieures, de résolution, de patience. Viendra la clarté de reconnaître l’épreuve comme riche d’enseignements. Elle permet le chemin vers le plus profond de soi, vers une réconciliation entre des parties adverses de soi-même.

Imperceptiblement, l’obstacle se transforme en cadeau. Il est toujours là mais notre regard sur lui a changé. Il est empreint de la bienveillance que nous avons maintenant pour nous-mêmes. Nous nous sommes vus faillible, vulnérable, et aussi fait de lumière. Au passage, peut-être sommes-nous devenus plus humble, plus tendre pour « l’autre » ?

Un beau jour, la beauté de la vie, sa bonté et sa générosité éclairent l’épreuve. L’obstacle est devenu l’ami et de la caverne du cœur jaillit un seul mot, le plus pur et le plus essentiel « merci ».

mercredi 2 février 2011

L'inespoir par Chögyam Trungpa


L’exigence de base pour marcher sur la voie spirituelle, c’est l’inespoir. L’inespoir n’a rien à voir avec le désespoir. Il y a une différence. Le désespoir c’est de la paresse, un intellect insuffisant. On n’est même pas disposé à chercher la raison du désespoir. C’est un bide total. L’inespoir en revanche est très intelligent. On n’arrête pas de chercher. On tourne une page après l’autre en disant : « C’est sans espoir, c’est sans espoir. » On reste extrêmement vigoureux, inespérément vigoureux. On cherche encore des lueurs d’espoir, mais à chaque fois, on finit par se dire : « Ah non. Beurk !» L’inespoir n’arrête pas : il est très vigoureux, c’est une grande source d’inspiration. Il chatouille l’esprit comme si nous étions sur le point de découvrir quelque chose. Au moment de la découverte, nous disons : « Ah, enfin, j’ai trouvé !…Ah non. C’est la même rengaine qui rapplique. »
D’inespoir en inespoir, nous commençons à acquérir le sens de l’humour, ce qui nous empêche de devenir le roi des paresseux et des imbéciles.

in "Jeu d'illusion", vie et enseignement de Naropa, Points Sagesse, 1997