vendredi 30 janvier 2009

Nuage zen


Il était une fois un nuage, clair et doux comme de la ouate. On l’appelle Nuage zen. Au rythme nonchalant du vent, il flotte. La nuit, dans le silence, il s’émerveille de la beauté de la lune. Ainsi va sa vie, au bonheur des hasards, tout autour de la terre. Aujourd’hui, le ciel est azuré. Le soleil le chatouille gentiment. Une journée parfaite. Mais que se passe-t-il tout en bas, sur la terre ? Il salue un petit garçon, qui pointe son nez pour le regarder. Puis une libellule au bord d’une mare et une fleur violette qui se rafraîchit au passage de son ombre. Il se sent bien, tout est paisible jusqu’à ce que surgissent d’autres congénères, épais, noir et lourds. Leur voix gronde autour de lui. « Va-t-en petit, nous sommes en colère et nous allons nous déchaîner dans pas longtemps. Allez dégage !». Tête de mule, courageux et surtout toujours profondément zen, il décide de rester et de suivre les évènements. Le ciel s’obscurcit. On n’y voit plus gouttes ! Les balourds se bousculent s’entremêlent, s’enchevêtrent, s’emberlificotent. Le vent, lâche ses tourbillons, gagné par la rage de ces querelleurs. Comme annoncé, ça se déchaîne à qui mieux mieux. Un éclair ! Un coup de tonnerre ! Nuage zen spirale, roule et tourneboule sur lui-même et il se dit « C’est trop rigolo !». A ce moment, une rafale énorme l’emporte à l’écart, en sécurité. Il était temps ! Un crac assourdissant donne le signal. D’un coup, la masse sombre des nuages perce, déchirant leur ventre. Ils hurlent de rage. Plus rien ne résiste là dessous. Nuage zen voit des hommes et des femmes et aussi des chats et des oiseaux qui courent et volent pour fuir le désastre. C’est le chaos ! La rivière déborde, des toitures sont arrachées, des arbres sont déracinés, des voitures emportées. Et soudain, un éclair déchire le ciel suivi d’un grondement d’une puissance inégalée, la foudre frappe un grand chêne qui trônait dans un champ de blé. Ca dure longtemps, une éternité, semble-t-il à Nuage zen. Le vieux chêne est gravement touché, mais il résistera à l’assaut. Pour les gros nuages s’en est assez, c’est le coup final. Satisfaits, ils s’éloignent et dégagent enfin les lieux. Un coin de ciel bleu ! Sur la terre toute chamboulée, on se secoue, on se soigne, on respire à nouveau. Les dégâts sont énormes. Il faudra reconstruire mais le cauchemar est fini. Nuage zen soupire. Il a vécu une sacrée expérience et il se souviendra longtemps de ce destructeur et fascinant spectacle. Il reprend sa place dans le ciel limpide. «Oh le joli papillon !» Ebloui par ses ravissantes couleurs, Nuage zen le regarde qui s’approche et lui demande « Tu viens danser avec moi ? »

*Merci à Youri.

lundi 26 janvier 2009

Techno !


Décor de bunker. Dix mille clubbers sur le béton. Visages blaffards. Addictions diverses. La grande messe peut commencer. Beum, beum, beum, beum, beum (à lire très vite!).
Le cœur encaisse. Le pulse frappe. Les pieds battent le sol. Mise en marche de la machine technoïde. Un maître du genre à la console : Jeff Mills. Vlam ! Le corps s’enflamme. Surf sur la vague du rythme. Yeux clos, embrasement des neurones. Plus de résistance. La substance du corps s’écoule dans la défonce du son, qui pénètre le ventre, la tête, les mains. Chaque millimètre d’espace est le son, le rythme, le pulse. Extase vibratoire.
Deux heures plus tard, T-shirt mouillé, toute cassée mais sourire aux lèvres, je rêve d’un « bon reggae bien cool »…

lundi 19 janvier 2009

La clé


Je regarde ce dimanche le débat de « Mise au point » à la rtbf, consacré aux évènements meurtriers dans la Bande de Gaza, « Israël-Palestine : l’impossible paix ? » Une phrase me frappe : « Il faut raison garder et mettre de côté, les passions » dira un analyste alors que les différents points de vue israéliens et palestiniens s’affrontent. Vieux débat de la raison et des sentiments. Mais de quel raison et de quels sentiments s’agit-il ? De la raison qui divise et que guide le plus souvent des intérêts égoïstes ou de celle qui se déploie au nom de la compréhension d’une souffrance partagée qui se doit de cesser ? Des sentiments de haine, de colère et d’amertume ou des sentiments venus d’un cœur qui unit au nom de la fraternité humaine ?
Il était frappant d’entendre qu’Israël justifie ses crimes atroces au nom de sa propre sécurité. Pays démocratique, à la puissance armée dominante dans la région, il porte en outre le poids d’une domination économique. Il est de loin le plus fort et pourtant son discours est celui de la victime. La Palestine réclame tout autant ce titre, à juste droit. Car le fond du problème est historique : voici 42 ans déjà, qu’Israël s’est créé sur le sol d’un peuple qui était là depuis des siècles. Avec l’accord des puissances occidentales.
« Pardon », voici, je le crois, le mot clé qui peut résoudre cette guerre. Le « Pardon » que demanderait Israël au peuple palestinien d’avoir pris ses terres, pour des raisons louables, certes, mais au prix d’une violence énorme. Ainsi le puissant poserait le genou, humblement, et la victime se sentirait reconnue dans sa douleur. Il semble que ce scénario est loin de se réaliser actuellement. L’escalade de haine se poursuit, de générations en générations.
Mais qui a intérêt que cela se poursuive ? Comme le remarquait un collègue rtbf, tout le monde déplore et condamne ces sinistres évènements, dont la Belgique. Mais la FN ne continue-t-elle pas à fabriquer des armes ? A qui les revend-elle ? Vertigineux, non ?
Alors, vraiment, faut-il "raison garder" ?

samedi 17 janvier 2009

Le germe de l'amour.


J’aperçois ta petite tête, pâle, duveteuse et vulnérable comme un chaton.
Coule en moi la joie de te savoir vivante, chante mon âme de te connaître enfin.
Il y a pourtant peu de temps que je connais ton existence en mon cœur, tant d’amples désastres en son sein, d’amertume, de colère et de peur, étaient charriés et brassés par une blessure si lente à cicatriser.
Mais les larmes versées ont libéré ton désir de gagner le jour de mon regard intérieur, ébahi déjà de pressentir ta beauté.
Te voici, aujourd’hui et à venir, exposée à cette lumière que tu espérais depuis des temps si lointains.
Tu es encore fragile et pourtant riche d’une force que t’ont donné, paradoxalement, les sombres profondeurs de la douleur.
Je rêve de toi et t’imagine fraîche et cristalline, au parfum étrange du secret que tu gardes.
De ma part, point trop d’impatience, je le sais, ni trop d’exaltation.
Ta délicatesse ne pourrait le supporter.
Ta fine texture n’y survivrait pas.
Je vais prendre soin de toi, veiller à ta croissance et te défendre des voix sournoises et envoûtées auxquelles je me suis trop longtemps laissée prendre.
Pousse, pousse, petite, le temps immuable de l’amour se lève à l’horizon.

mardi 13 janvier 2009

L'acceptation


L’acceptation, c’est entrevoir le monde en creux, du côté du féminin. La frontière est mince qui la sépare de la résignation. L’attitude intérieure sera pourtant très différente : la paix en lieu et place du refoulement.
L’acceptation est une vertu passive, non reconnue dans notre société à double message « Obéis mais affirme-toi dans les limites de la norme ! ». La difficulté est plus grande encore, me semble-t-il, pour les femmes d’aujourd’hui. Ayant connu des siècles de soumission, les femmes se doivent toujours d’être douce et compréhensive. Par ailleurs, la société nous bombarde de messages pour être plus créatives et productives. La passivité est mal vue, le mou insupportable, la détente refoulée. « Cachez ce gouffre sombre, cette noire caverne, cette apparence de mort que je ne peux supporter ».
L’acceptation n’est pourtant pas dénuée d’actions. Il s’agit plutôt de reconnaître et d’accepter le désir de l’autre sans que naisse impérieusement le désir d’affirmer le sien. Sans jamais l’affirmer ? Non pas. Une relation équilibrée entre soi et l’autre, entre soi et le monde sera faite d’un subtil et mouvant équilibre d’acceptation et d’affirmation de soi, son pôle masculin. « Tu affirmes ton désir, je le reconnais et je l’accepte ». Première vague de l’échange. Puis viendra « J’affirme mon désir, tu l’acceptes et le reconnais ». Deuxième vague et ainsi de suite.
Je prendrai pour exemple illustratif, la vie d’Elisabeth Kübler-Ross qui, auprès des mourants, se mettait en position d’écoute active, en position d’acceptation et non d’affirmation car que peut-on affirmer à une personne mourante ? Ensuite, riche de ces rencontres en tant que témoin, elle s’engageait dans le monde et transmettait son savoir faire et surtout son savoir être via des livres, des conférences et des stages. Bel exemple de sensibilité et de courage alors que si souvent, les médecins (pas tous, heureusement !) ont cette fâcheuse tendance d'affirmer sans toujours écouter ce que le patient(!) lui dit ou voudrait lui dire et ne lui dit pas mais qui transparaît par bien des signes.
Fameuse destinée que celle d’Elisabeth Kübler-Ross qui toute sa vie fut portée aux nues par ses nombreux fans autant que traînée dans la boue par ses, aussi nombreux, détracteurs. Savoir être dans l’acceptation n’est pas la voie la plus confortable dans notre monde sauvage.

mercredi 7 janvier 2009

Mémoire

Alors que je traversais une plaine aride et sèche, balayée du vent glacial de la solitude et qu’en mon cœur, je cherchais quelque consolation, il me vint un goût de nostalgie, un chant doux composé de notes tendres et affectueuses. Et une image, celle de femmes ou d’une seule, la plus chère à mon cœur, qui me tient dans ses bras et berce mon chagrin. Cette nostalgie est celle que porte ma mémoire d’un temps où nous vivions en tribu. Une vingtaine d’hommes, de femmes et d’enfants, je suis parmi eux. Tous réunis par le destin et unis pour parcourir ce temps de vie qui nous est donné. Ensemble. Pour partager joie et chagrin, pour souffrir lors des moments difficiles ou pour se réjouir d’un évènement heureux. Pour joindre nos rêves, pour chanter et danser lors des nuits consacrées aux Dieux. Pour vivre les moments de rites de mariage ou de deuil. Pour recevoir notre nom que le chaman délivre et qu’il a reçu au plus intime de sa relation avec la terre et le ciel.

Mais je suis là, dans ma chambrette, dans un monde atomisé, un monde où l’on n’ose plus penser l’avenir, faute de se souvenir du passé et de savourer l’éternel présent. Le temps de la mémoire reviendra-t-il au coeur des hommes ? L’Ange dépose un baiser sur mon front … « Tu n’as rien à craindre » murmure-t-il à mon oreille.