mercredi 29 juillet 2009

Nudité


Se dénuder,
c'est enlever les couches qui recouvrent la nudité
et non pas,
enfiler un costume de nudité pour recouvrir les autres costumes que l'on veut voir disparaître.

Encore mieux...se dénuder, c'est juste voir les couches qui recouvrent la nudité et s'offrir à la confiance d'être nu(e).

mardi 28 juillet 2009

Bénédiction

Une petite inquiétude au réveil.
Un rêve troublant.
Le nuage s'est installé, insidieux, à bas bruit.
Voici la morne attitude,
Le vivre dans la prison-tête aux barreaux invisibles que sont les pensées.
Toujours ailleurs, toujours demain ou il y a quelques heures.
Frustration sans raisons, tout pour être heureux.
Et pourtant cette amertume et ce corps lourd
Donnent à la vie une teinte en grisé, comme une demi-mort.
Seuls l'écoute, l'arrêt de faire, permettent à cette mélodie tristounette
De s'élever, de révéler ses notes une à une.
Ne pas s'aimer, vouloir être quelqu'un d'autre,
Etre déchiré par des désirs contradictoires:
l'un de s'échapper, l'autre de devoir.
Recevoir le tumulte, s'accueillir dans la peine et tomber et mourir.
Abandonner.
Silence de l'instant dans la clarté de l'âme.
La joie pure jaillit aussitôt.
Je bénis l'immense pouvoir de la gratitude.

jeudi 2 juillet 2009

Le "-1"

Quand tu passes la porte du « -1 », tu peux mettre ton ego au placard. Pour naviguer ici, seul te servira ton cœur. Car ici, personne ne peut plus prétendre être quoi que ce soit. Ni toi, ni les gens dans leur lit. Non pas de le vouloir. C’est la maladie, la vieillesse, la douleur et la souffrance qui le veulent.
Moi, je sais et je ne sais pas pourquoi je suis là...Touchée, ébranlée… Il ne me faut pas cinq minutes pour pleurer cette fragilité et la mienne du même coup, probablement.
Corps meurtris, douloureux, que pas un bien portant dans ce monde ne pourrait supporter ; ecchymoses sur les bras, jambes aux plaies noires, maigreur extrême.
Tu ne peux voir que ces corps et n’importe quel autre que celui qui choisit de voir ce qui n’est pas visible, s’enfuira par réflexe. Et si tu es celui qui ne s’enfuit pas, tu plonges ton regard au-dedans de cet autre, qui est aussi toi, tu relies ton cœur à celui de l’autre, qui est aussi toi.
Ici, cachés derrière les murs qui protègent les bien vivants (ou qui se croient l’être) de leur vue, règnent l'anéantissement, le tragique, les besoins dans le lange, la démence.
C’est tellement fort que pour les mieux lotis, ceux qui bougent encore, ou qui sont « sauvés » pour cette fois et qui pourront repartir, on s’occupe avec une carte à écrire, quelques livres, la télé, la toilette, les médicaments et aussi nous, les bénévoles, qui offrons l’écoute à ceux qui veulent parler.
Puis, il y a les autres, les prostrés, qui gémissent parfois, qui respirent à peine, à qui l’on ne peut plus que tenir la main pour dire « je suis là ». Reliés à la vie par un mince fil, ils attendent sans plus rien dire.
Au « -1 », tout est à nu. Le cœur, les tripes. Une main qui touche une autre. Un sourire. Un peu d’eau. Une parole qui apaise.

Merci à Anne-Marie, l’ange de cette première journée aux soins palliatifs.