samedi 18 septembre 2010

Métamorphoses


Frissonnant de volupté, je ressens tout le long de ma peau chaque grain du sable chaud.
Je transmute jusqu’au cœur des cellules le poison en guérison.
Je suis serpent

En apesanteur sur ma toile, je me balance et goûte sur mon ventre chaque souffle de vent.
Je tisse avec mes fils le monde des rêves infinis.
Je suis araignée

Totalement là, totalement en sécurité, je perçois sous mon écorce le va et vient de la vie qui circule.
Je vibre avec le vert de mon monde, avec la terre et la lumière.
Je suis arbre

Immobile dans la nuit, j’écoute la musique de l’eau fraîche de la source.
A son rythme, perpétuant le cycle de vie, je ponds.
Je suis grenouille

Sous les cieux où règne mon frère le soleil et ma sœur la lune, je sème les germes de vie en riant.
Je me sens belle, nul ne peut me souiller
Je suis la terre

Bondir, sauter, s’envoyer en l’air
Légère, je ne pèse pas sur le sol, je l’effleure et puis repart
Je suis sauterelle

Ma peau résonne l’appel des vastes paysages et des esprits qui les peuplent.
Je suis frappé et frappe la porte du cœur de qui m’écoute.
Je suis tambour

Souvent confus dans le labyrinthe des désirs, je me perds dans les pensées et oublie mon cœur.
Et si grâce à la conscience je connais ma perte, je peux aussi goûter la joie de la métamorphose.
Je suis humain

lundi 6 septembre 2010

La source

Les rumeurs de la ville s’estompent.
Depuis la berge, de petites étoiles miroitent sur la surface de l’eau où une poule glisse sans bruit.
Les arbustes et les branches d’arbres se balancent mollement au gré d'un vent qui les berce.
L’air est doux sur la peau.
Chaque être dans ce parc semble se recueillir en une mystérieuse prière au ciel et à la terre.
Une source glougloute.
Je ferme les yeux.
J’écoute le dedans et le dehors.
Leur différence peu à peu s’annule.
L’eau vivante et rieuse me murmure :
« Sois légère et claire comme une source. Laisse couler… »
Je me lève, vivifiée et unie. A chaque pas, mon corps pèse de la joie d’exister.