jeudi 28 août 2008

Paradoxe(s) de la souffrance

Je vois les yeux de la petite fille.
Deux perles brunes qui m’interrogent :
« Sais-tu pourquoi maman m’a abandonnée ?
Et toi, es-tu prête à m’aimer ?»

Je connais ce refrain : « Pourquoi moi, pourquoi cette vie-là ?
Qu’ai-je fait pour mériter cela ? »

En un instant, c’est la tempête,
La colère qui gronde, le conflit qui tenaille.
J’assiste à la débâcle, je prends les coups.
Je vois l’amertume qui ronge son cœur.
A coups de becs virulents elle m’insulte.
Elle se défend.
Inapprochable, elle est toute seule.

Moment fatal du choix (mais a-t-on vraiment le choix ?)
Et de là tout est possible.

S’accrocher, se débattre,
Garder le malheur bien au chaud,
Qui donne l’impression d’une consistance,
Qui remplit le vide creusé par les désillusions.
Se révolter et haïr, soi et les autres...(en fait c'est le même)

Ou bien…

Embrasser le malheur.
Et assister à l’écroulement de son monde.
Mourir à l’illusion d’avoir et de posséder.
Transmutation par la souffrance.
Aimer, quoi qu'il arrive, soi et les autres...
(en fait c'est le même)

Ce choix, je le découvre, et chaque jour il se présente à moi de plus en plus souvent. Je sais qu’il existe à chaque instant mais je ne peux totalement encore le percevoir.
Au contact de ma présence (conscience), la petite fille pourra-t-elle à son tour faire le choix ?
De mes pas suivra-t-elle la trace ?

vendredi 22 août 2008

Changement

Je connais beaucoup de gens, dont moi, qui ont le désir de vivre une vie plus riche et épanouissante que celle qu’il vive. Non pas qu’elle soit médiocre. Souvent, il s’agit plutôt d’un sentiment intérieur de non-satisfaction. Si l’on prend la peine de l’écouter, on pourra entendre un ressassement mental « Blablabla...Tu ne peux pas faire ça…blabla…je ne suis pas capable, pas assez… blablabla…la vie est dangereuse… personne ne m’aime… » Bruit de fond permanent. Dès le réveil, la machine à pensées se met en route et si pas de soleil dans le ciel, caramba, ça ne danse pas des claquettes dans la maison ! Que voilà de juteux clients au marché du mieux-être. «Grâce au stage métamorpho-trantrico-angélique, rencontrer vos désirs et les portes du bonheur s’ouvriront à vous. » Enfin devenir quelqu’un de bien. Enfin faire disparaître le médiocre en nous. Le temps de quelques jours, les pensées qui sapent le moral sont mises au rancart. Le soleil pointe à l’horizon, l’espoir renaît, l’énergie déborde. Et puis doucement la vie reprend comme avant et la machine de destruction retrouve le chemin du quotidien banal. Tout se ternit à nouveau jusqu’au prochain stage… Et puis non. Reste à s’asseoir et à rester là jusqu’à ce que peu à peu la conscience éclaire les schémas des pensées destructrices. Rester là sans rien faire, sans désir de changement. Patienter. Rencontrer la frustration et les pensées limitatives. Juste les voir, les écouter sans juger, sans les approuver ou les rejeter. Un espace se crée. Mince d’abord. Rester à l’écoute. Ne pas se précipiter. Laisser le temps agir pour permettre à l’espace vide et radieux de pénétrer plus profondément. Alors seulement l’alignement avec qui l’on est vraiment irradie tout acte et toute pensée. Emergence du vrai.

jeudi 21 août 2008

Me laisser...

Me laisser pénétrer par la solitude
Et frissonner de malaise du chaos entrevu.

Me laisser quitter la certitude du monde des hommes
Et rejoindre l’impuissance de n’être autre que moi-même.

Ma laisser tomber dans le trou où il n’y a rien ni personne
Et sentir dans mon ventre, mon cœur et chacune de mes cellules, la blessure de l’abandon.

Me laisser rencontrer la colère
Et accepter de descendre encore même si ça fait peur.

Et telle une barque vieille qui sait juste qu’elle part sans savoir où elle va, elle dérive toute petite dans l’immense, dans l’ennui. Le temps se suspend, s’immobilise. Elle se dissout. Elle est arrivée aux rives de quelque part ou de nulle part. Elle est là mais elle ne sait pas où.