lundi 29 novembre 2010

Tchoûleuse


Je suis ce que l’on appelle en wallon, une tchoûleuse. Je tchoûle volontiers, souvent, quasi tous les jours. Tchoûler, c'est pleurer, sangloter, verser des larmes. Si cela pouvait être un métier, je serais une sacrée professionnelle! 

Je peux pleurer le jour, le soir, avec ou sans raison, longtemps ou juste le temps de quelques larmes, seule ou à deux, dans un groupe, discrètement ou à gros bouillons sonores, chez moi ou dans la rue, en étant triste ou très heureuse… Oui, oui, des larmes de joie sont aussi possibles car l’amour peut être une douleur. Paradoxal? 

En constellations familiales, une thérapie crée par Bert Hellinger  http://www.ecole-hellinger.fr/, il est question de mouvement interrompu. Il s’agit d’un sentiment d’amour bloqué; le mouvement naturel de l’enfant, vers la mère en général, a été interrompu. 
« Je t’aime maman » ressent dans son cœur l’enfant. Il s’élance, ses petits bras ouverts, et veut serrer sa maman tout contre lui. Il déborde de cet amour et... Rien.
Soit elle n’est pas là, soit elle est indifférente, soit elle refuse.
A ce moment-là viennent des sentiments de désespoir, de chagrin, souvent de colère ainsi que de résignation. L’amour ressenti par l’enfant se transforme immédiatement en douleur. Le souvenir de ce mouvement interrompu produit une névrose. Ressentir l’amour réveille la blessure de l’enfance. Souvent, inconsciemment, il y a esquive, un non vouloir de se laisser aimer. 

Une autre possibilité est de s’ouvrir, de ressentir. Et c’est physique, là, dans le corps ; la poitrine est chaude et lourde, une sensation de nœud dans la gorge. La douleur de l’amour. Comme le renard qui se laisse apprivoiser par le petit Prince, le sentiment d’amour peut s’apprivoiser: se laisser à nouveau toucher par l’amour… La boucle se boucle. Circulation, transformation…larmes et sourire, simultanément.

Cela m’a soulagée d’apprendre ça. Je ne comprenais pas, me trouvais barjot. Heureuse, dans les bras de mon chéri, je pleure. « Ca ne va pas ? » « Si, si, au contraire! » Cela peut sembler bizarre...Tchoûleuse je suis et c’est heureux ainsi !

Le changement

Le premier pas du changement est de ne pas vouloir changer. Je suis tel(le) que je suis, totalement.

dimanche 14 novembre 2010

ça danse


Percevoir la matière du corps dans l’immobilité. Ne rien chercher à faire, écouter en dedans. Qu’est-ce que ça dit ? Quelle(s) émotion(s) ? Laisser voir. Entrer dans le mouvement. Un bras. Le bassin. Le squelette. Les muscles. Les organes. Le sol qui soutient. L’espace entre. Entre le squelette et le muscle, le muscle et l’articulation, l’articulation et la peau. Laisser faire le corps. Il sait le geste juste à l’instant. Debout, assis, couché. Un mouvement puis un autre. La musique à l’intérieur donne le rythme. S’offrir et lâcher. Appui. Répétition. Décollement. Le corps danse. Pas de mémoire, création – disparition simultanément. Je entre en jeu. Le souffle, inspire- expire, jusqu’au bout du geste. Ça vient. Air. Eau. Feu. Terre. Ether. L’oiseau qui plane dans le vent, la rivière qui dévale, la flamme qui voltige, la chair de la terre qui s’enroule, le soleil et la lune qui se fascinent mutuellement. Axe et arabesques.
Danse.
Le ventre. Les hanches. La tête. Les épaules. Les pieds. Le bout des doigts. Le monde entier bouge en dedans de mon corps. Mémoire ancestrale. Rituel sacré de la transe. Tout est là et je suis vide. Traversée par l’énergie, centre et éclatement. La conscience embrasse l’espace. Ça sait. Jouissance et plénitude, célébration et prière.
Ça danse et Dieu, que c’est bon !

vendredi 5 novembre 2010

Mémoire enfuie



Se cacher, fuir. Se sentir traqué, menacé, en danger. Peur de l’autre en tant que possible destructeur. Peur d’avoir faim, d’avoir froid. Nous sommes, pour certains d’entre nous, fils et fille de parents nés avant la guerre 40-45, celle des exterminations nazies contre les juifs, celle des peuples d’Europe, assoiffés de vengeance et de haine.
Nous sommes nés de cette mémoire encore vivace et sommes plus en train de survivre, que de vivre. Nous nous agitons et tentons par moult thérapies de nous libérer du poids de nos névroses. Nous appartiennent-elles ou sommes nous les jouets de ces peurs profondes qu’ont vécues nos parents et transmises via nos gênes communs? Ou même, sommes-nous cela et aussi les fruits exsangues de l’inconscient collectif baigné dans cette période de l’histoire où se libéraient sans frein les démons les plus sombres de l’humanité ?
Ainsi, par mille ruses, tentons-nous de nous affranchir de nos destins, de colmater ces peurs obscures de la folie, de la mort et de la solitude.
Notre mission aujourd’hui est telle celle des éboueurs de nos déchets quotidiens ; les saisir à pleines mains mais non pas pour les enfuir. Plutôt pour les brûler au sein du grand feu transformateur de la conscience. Tâche écrasante, nécessaire. Nos propres enfants la réclament, ô combien lucides et à la fois perdu, qu’ils sont.
La révolution n’est pas dans la rue mais en nous. La lumière est là, toujours !

Ps : Le « nous » a surgit avec force dans ces lignes. Pardon pour ceux qui ne s’y reconnaissent pas.