mercredi 19 mai 2010

Contempler ma propre beauté


Aimer qui je suis
Etre tendre pour cette part de moi que je ne voudrais pas être
Quitter la lutte de vouloir une autre vie, un autre corps, une autre histoire (l’histoire n’est pas qui je suis).

Aimer qui je suis
Me réjouir de ce que je crois perdre (rien n’est perdu, rien ne m’appartient)
Ce qui me quitte ne m’est plus nécessaire
L’espace est libre pour la vie joueuse, à chaque instant nouvelle.

Aimer qui je suis
Mon plus grand trésor est moi-même
Me sentir seule ou perdue, c’est avoir perdu le contact intime avec qui je suis (le contact est toujours là).

Aimer qui je suis
Chaque instant est intensité, pas de plus grand maître que la vie
Vouloir plus est ce qui m’empêche d’y goûter
Vouloir plus, c’est l'avidité, puits sans fond d’expériences, de sensations, de plaisirs.

Aimer qui je suis
Et rencontrer l’autre pour partager nos trésors intérieurs
Et nous quitter lorsque d’autres trésors nous appellent avec plus d’intensité.
Le cœur, lui, toujours reste…

mardi 11 mai 2010

Jim

Il est des hommes sur cette terre dont le rêve porte loin…

Une bouche charnue comme un fruit mûr qui sourit encore et encore.
Des yeux bleus brillants de ciel dont le regard embrasse la lumière, vers les étoiles.

Dans sa voix, le vent s’invite et pénètre les mots. Il parle à la montagne, aux forêts, à l’ours dans sa grotte, à la chèvre dans la plaine et à l’aigle qui les survole. Et à moi, qui suis près de lui.

Un corps fin, musclé avec des mains qui, avec tendresse et habilité, bâtissent et caressent.
« We have everything we need in the Earth. I like every part of her”.

L’errance et la sauvagerie habitent son âme. Les espaces immenses et vierges d’hommes ont dessiné son cœur et son esprit. Farouche, il cultive sa solitude. Non domestiqué, il rend grâce de se sentir perdu et en même temps, partout chez lui.

Nous sommes conviés à la cérémonie sacrée. Les anges se réjouissent. La terre nous accueille.
L’instant est à la plénitude.

lundi 10 mai 2010

Merveille

Vendredi fin de journée, un bus bondé. On se presse, on se cogne et ça grogne à coups d’œillades assassines. Des visages fatigués, tendus. Des pensées qui émasculent l’espace de « Je ne veux pas être ici. »
Au centre, une petite fille assise sur les genoux de son papa, gazouille comme un merle. Je m’approche, elle tourne son visage vers moi. Ses yeux noirs sont des diamants dont la lumière me transperce comme un laser. Ce sont bien les yeux d’une petite fille et en même temps, il ne semble y avoir personne « derrière », comme si son regard donnait passage à l’infini.
A l’intérieur, vaincue, je fonds. A l’extérieur, je gazouille moi aussi et lui sourit.
En retour, elle aussi sourit ...et par transparence, c’est Dieu, ou qu’elle que soit le nom, la forme ou la non-forme que l’on souhaite lui donner, qui, à cet instant, sourit.
Dans ce banal bus qui traverse la ville embouteillée trône une merveille et moi près d’elle, je me dis que « Jamais le monde ne sera perdu. »
Cette petite fille en est la preuve innocente, majestueuse et irradiante.