mercredi 14 mai 2008

Quand la vie des jours après jours...

Quand la vie des jours après jours, avec ses repères, avec ses attaches, avec ses hier et ses demain, ses pensées de petits riens, sa pâle monotonie, son ennui redouté, avec ses inquiétudes, sa peur du lendemain, sa détestable incertitude, son illusoire certitude, avec ses menus plaisirs, ses chagrins menus, ses abîmes sans vertige, avec ses nuits sans songe, ses rêves brûlés, ses souvenirs engloutis, sa désespérante solitude, son innocence bafouée, avec son cœur presque éteint, son souffle invisible, ses regards sans égards, avec ses gestes vides, sa peau qui en oublie la brise, avec ses sourires fades, avec sa légère souillure, ses petites misères et ses faux semblants, avec son ingratitude crasse, son manque d’humilité, avec sa fuite inconsciente, son manque de tendresse, sa violence répressive, sa politesse bien apprise, sa logique de l'ordre, ses fantasmes paranoïdes, ses délires de meurtres, avec ses espoirs écorchés, avec son ventre mou, sa colère pathétique, sa profonde bêtise, son comptage cathodique des morts, son indifférence devant la beauté des fleurs (oh regarde le joli papillon !), avec son mépris du petit, avec son ignorance fatale, sa superficialité putride, sa cruauté, avec son « non, pas çà », avec ses doutes, avec sa satisfaction idiote, sa frustration constante, son délire de puissance, sa banale laideur, son égoïsme sans vergogne, son désir sans relâche, son besoin d’être quelqu’un, son temps à meubler, avec son vouloir bien-être, avec sa tristesse de perdre, avec son pauvre imaginaire, sa poésie sans âme, avec son corps oublié, avec son ventre à remplir, avec sa terre délaissée, avec son ciel sans magie …quand cette vie-là s’efface, reste l’amour (pour ce que j’en sais).