dimanche 15 janvier 2012

Peur

Explorer le lieu de la peur. Il est rare que nous soyons réellement en danger et pourtant, la peur sourd à bas bruit, comme un réflexe. Notre monde même est construit sur elle. Compétition plutôt que partage, struggle for life... Naturellement pourtant, nous sommes des êtres d'amour et de confiance. Suffit-il de choisir? Oui, il s'agit bien d'une décision, prise en son fort intérieur. Incarner ce choix, c'est être Jesus avec cette parole «Ce que je suis, vous l'êtes aussi.»

Voyage chamanique. Intention: confiance et créativité.

J'ingurgite une substance médecine (Elle) hautement intelligente mais aussi totalement incontrôlable. Très vite, la paranoïa se pointe. Je me sens à sa merci et la perçois comme un alien. Je me traite de folle: avoir accepté de la prendre en moi sans aucun pouvoir sur ce qu'elle va me faire: me torturer, me rendre folle, voire me tuer.

Avec Elle, aucune habitude possible, aucune stratégie, ni autre manipulation. Elle agit et il s'agit de se laisser faire, «surrender». En cas de difficultés, pour seule bouée, respirer ou danser, tous deux avec l'aide de chansons guides.

Plus le voyage avance, plus la peur et la solitude grandissent avec deux messages qui se font face, lieu de la double contrainte: me détendre (respirer en conscience) en acceptant la peur ou lutter en sachant que, avec cette substance, cette solution n'est probablement pas la bonne. Gloups!

«Reste en contact avec ta peur» Ces mots-cadeau glissés par mon voisin de voyage disent que l'alliance est possible. De plus, le shaman veille, je le sais. La confiance regagne du terrain.

Je reste sur le fil. Sur la crête, je contemple l'abîme et puis, je cède, la peur panique l'emporte: envie de crier «au secours» à tue tête, que l'on me coupe la tête!

On ne m'a pas coupé la tête, j'en témoigne :-) Par contre, ô joie! J'ai pu recevoir l'enseignement : approcher de quoi la peur était constituée. Peur de mourir, oui, oui, bien évidemment. Et aussi, à son exacte mesure, la peur de vivre. «Mais c'est horriiiible!» Au point d'incandescence amené par la substance, la vie est nue, d'une intensité qui peut sembler... terrifiante!

Dans le tohu bohu de la vie «quotidienne», amené à des niveaux d'intensité moindre (pour ce qui me concerne) le contrôle, l'ego fait sa besogne: nous maintenir dans le connu même s'il est souffrant plutôt que d'être dans la confiance. Contrôler par peur de...
Dans le travail avec la médecine, nous sommes plongé jusqu'au cou dans l'inconnu, dans le moment présent, le sans- repère C'est l'ici maintenant, sans aucune échappée. Le faux moi, l'ego, ne peut le supporter. Pour lui,c'est l'enfer, sa mise à mort...

A ce niveau émotionnel, ça a lâché; la substance s'est dégagée de moi, emportant au passage une partie du contrôle que j'exerçais sur la vie.

Munie de la boussole, je suis arrivée à bon port. celle de savoir que la peur n'est pas qui je suis réellement. Je suis la confiance, l'amour, la joie, la béatitude.
Mon essence a jaillit, mmmh, quelle savoureuse paix!

Dès maintenant, l'intégration se rappelle à moi alors que l'ego refait surface. Il s'agit de distinguer la machinerie de dupe qui se remet en place, de suivre les pensées, les paroles, les actes égotiques comme étant moi ou pas. Au turbin!

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