vendredi 13 novembre 2009

Déréliction oblique- mon adolescence


Puisqu’Ils ne m’aiment pas telle que je suis,

Alors,

Je vais me détruire
Je vais tout détruire
Je vais disparaître
Je vais leur faire payer
Je vais refuser de leur faire plaisir
Je vais pleurer
Je vais me taire et les mépriser
Je vais faire semblant de m’en fiche
Je vais me disputer
Je vais mettre un masque pour être quelqu’un d’autre
Je vais essayer de leur plaire
Je vais les observer et faire comme eux
Je vais être insupportable
Je vais compenser en mangeant
Je vais compenser en fumant
Je vais vérifier si les autres m’aiment ou pas
Je vais croire ne pas être aimable
Je vais ne pas m’aimer non plus.

lundi 2 novembre 2009

La danse de Shiva


Quoi de plus simple que de vivre ? Mais pour peu que l’on y regarde de plus près, ça se corse. Petite visite dans les profondeurs…
Un jour, une phrase de l’actuel Dalaï Lama m’avait interpellée : « Quand je mange, je mange. Quand je bois, je bois. L’important est de ne faire qu’une seule chose à la fois. »
Il est pour cela un maître. Sa présence physique et mentale est totale. Mais qu’en est-il de vous, de moi ? Avez-vous déjà observé à quel point nous sommes essentiellement les marionnettes de notre mental ? Démonstration…
De ce matin à ce début d’après midi, j’ai prêté attention à chacune de mes actions. A chacune d’elle, une pensée surgit, l’image d’un souvenir ou d’une anticipation lui est jointe, suivie de près par un commentaire. Le tout en une fraction de seconde. Et si je ne suis pas consciente du mécanisme, le premier commentaire sera suivi d’une autre pensée liée à une image d’un souvenir ou d’une anticipation… ad vitam eternam.
Quasi toute notre vie peut ainsi être vécue « à côté ». D’apparence présent, en réalité dans « la mental box », divisé. Distrait ce qui étymologiquement veut dire « à côté de soi. »
L’essence de l’attention est la totale présence à l’instant et pour cela, quelle chance, nous avons reçu un corps ! Quoi que nous fassions, nous sommes sensuellement au contact du monde. Inspirer et sentir l’air qui pénètre les poumons. Expirer et ressentir le contact de l’air plus tiède avec les narines (« c’est délicieux » disait cet autre moine bouddhiste, Chogyam Trungpa). Pure tactilité du toucher de nos pieds sur le sol. Ressenti de ses propres mouvements dans l’espace, du vent qui caresse la joue. Enivrement d’un parfum ou des couleurs de la forêt en automne. Le chocolat chaud qui suivra, je peux aussi le savourer en totale présence, uniquement centrée sur son goût, son odeur, sa texture, sa chaleur sous mes doigts.
Lorsque je prends place dans cette dimension sensuelle, je Suis, corps et esprit réuni. Retour aux origines, à l’enfance…Simplicité d’être.
Amoureusement vôtre.
PS : En fait, ah ha, ce n’est pas aussi simple sinon nous serions tous des maîtres ! Pour ceux que cela intéresse, je poursuis…
La première difficulté est la Très grande exigence d’être, dans cette qualité de présence, à chaque instant.
Secundo, pour corser l’affaire, nous existons dans une réalité duelle ou la vie est inextricablement liée à la mort. La lumière n’existe que par l’ombre et vice versa. « Très bien, oui, nous sommes mortels, c’est une évidence » me direz-vous d’un air légèrement amusé ou condescendant ou étonné (au choix). « Pauvre fille, quinze ans de yoga pour en arriver là… ». Je souris et persiste…
Le voile dévoilé d’une balade chamanique m’a révélé ceci : A chaque instant, je vis. A chaque instant, je meurs, SEULE condition d’une possible (re)naissance. Dame mort est inextricablement liée à la vie. Sans la mort, la vie n’existe pas. Danse de Shiva. Un maître est totalement conscient de cette dimension. A chaque instant, il est totalement présent, seule condition possible à la disparition de qui il est (ce que le new age appelle le lâcher prise qui est tout sauf volontaire. On ne lâche pas prise, ça lâche prise). Puis il renaît totalement neuf. Il est là et en même temps, personne n’est là. Fi de mémoire, fi d’anticipation, le saut dans le vide permanent. Plus d’ego, d’agrippement (l’ego est en fait l’agrippement). Sans peur, sans attente, pure présence. Percevez-vous comme moi le vertige de cette exploration?