dimanche 3 février 2008

Pourquoi tu pleures ?

Elle pleure, pleure et pleure encore tite Nadia. De ses yeux s’écoulent, goutte à goutte, des perles de larmes.

Pourquoi tu pleures ?

Je ne sais pas…

La source vive des larmes jaillit, flot continu de chagrin et voici que naissent deux minces sillons sur ses joues. Les sanglots redoublent, gros et lourds. C’est un petit torrent à présent qui dévale sur son visage. Rapidement, les larmes débordent. Tandis qu’elle pleure à gros bouillon, le petit torrent grossit, grossit et emporte tite Nadia dans son sillon.

Pourquoi pleures-tu ?

Je ne sais pas…

Sa voix est à peine audible parmi le tumulte de ses larmes qui se transforment, de rage peut-être, en courants fougueux. Des secousses la ballottent, sens dessus dessous et manquent la faire chavirer. Dans tout ce charivari, Nadia voit d’autres enfants qui sanglotent eux aussi, frêles esquifs emportés dans le fleuve de leur profond chagrin. Chacun dérive et n’a nulle rive où s’accrocher. Alors, il n’y a juste qu’à se laisser aller et glisser sur les flots… au fil de l’eau…

Puis, tout se calme peu à peu. Plus d’heures, plus de jour, plus de nuit, de lune ou de soleil…

Pourquoi tu pleures ?

Je ne sais pas…

Le flot des larmes s’est tari. Nadia a rejoint la terre ferme. Les larmes maintenant sont comptées… une, puis une autre, une autre encore. Voilà, c’est la dernière, en arrêt, perchée sur un cil, elle brille… suspendue… immobile… Une voix douce venue de loin, de la mer qui sait, berce tite Nadia. Tout est calme, silencieux.

Tu ne pleures plus ?

Elle hoche la tête pour dire non. Alors, lentement elle sourit, s’étire, se lève et puis s’en va.