jeudi 27 mars 2008

Un conte panique de Alexandro Jodorowsky

Un homme, en bonne santé, commença a avoir peur d'attraper une maladie des bras. Il s'en fut consulter un médecin. Celui-ci, après de longs examens, conclut : "La seule chose que je puisse faire pour qu'ils ne soient jamais contaminés, c'est de les couper !" Ce qu'il fit. Quelques temps plus tard, le manchot se mit à avoir peur que ses jambes tombent malades. Le médecin suggéra de nouveau, comme méthode préventive, l'amputation. Transformé en homme tronc, en proie à une horrible terreur d'attraper une maladie des viscères, il retourna en consultation. Le chirurgien lui coupa la tête, il la connecta à une machine pleine d'organes artificiels et incinéra le reste de son corps. Ainsi, sans craindre d'attraper des maladies, il se sentit heureux... Jusqu'à ce qu'un jour le médecin l'entende pleurer. Lorsqu'il l'interrogea sur la cause de son chagrin, la tête répondit : "J'ai envie de me rouler tout nu dans l'herbe !"

mercredi 26 mars 2008

Seul le réel a le goût du réel

Le soir, tout se resserre en moi

Me sens comme un petit pois

Et je sais bien que ce n’est pas

Seulement du fait que t’es plus là.


L’épreuve à moi s’est déclarée

S’agit de quitter les bouées

Face au grand vide, on est tout seul

N’être rien pour l’ego est un cercueil.


Tu étais tout : un amant, un ami, un gourou, un docteur

Un professeur, un père, un frère, un sauveur

Voilà ma violence, celle de t’avoir pris

Pour ce que tu n’es pas et ça, ce n’est pas permis.

lundi 24 mars 2008

Le souterrain

Je suis née en captivité

Et nul ne peut me délivrer

C’est dans ma tête que vit cette prison

Les clés, je les possède, je suis le maton


Dans ce mitard, couleur d’égoût

Enchaînée et prisonnière au fond du trou

Chaque seconde est une tombe

Cruelle, au fond de laquelle je sombre


Dans mon cachot imaginaire

Pas de désirs et rien à faire

Juste guetter du soupirail une faible lumière

Qui balaie une après l’autre, les briques des murs de pierre


Dans ce Royaume funeste règne la peur

L’abandon, le froid et les douleurs

Infligée par un Roi, briseur de rêve, qui règne sur les ombres

Rongé lui-même par ses chagrins sans nombre


Dans ce cloaque où je croupis

Sans un espoir qui me sourit

La mort rôde et me susurre : « Ne bouge pas, ma douce, reste près de moi

Peut-être ne suis-je pas aussi terrible que tu le crois ?»


Parfois de tout mon corps s’empare

Une colère qui me traverse de part en part

Je me lève alors et puis je crie : « Lieu maudit je te quitte, c’est fini

J’ai le pouvoir de te vaincre et loin de toi, je m’enfuis »


Depuis peu, j’ai compris que c’est un leurre, que ce n’est pas ainsi

La force ne peut rien pour se tirer d’ici

Au contraire de se débattre, comme l’insecte pris dans la toile,

Fait pire que bien et donne larmes


Mais de toute façon, je n'ai pas le moindre choix

Prisonnière, je suis, même si c'est une imaginaire Croix

Comme l'insecte, je suis prise, je ne peux que m'abandonner

A la mort, qui m'étreint. Au combat, renoncer...


dimanche 23 mars 2008

Une tite bafouille

J'me sens un tout petit point c'est tout
dans l'univers
.

vendredi 21 mars 2008

Le baume des mots

C’est l’histoire égoïste d’un beau salaud

Qui d’avoir envie de voler plus haut

Lâche sa belle en faisant le saut


Voilà sur le sol, la douce, meurtrie

Son âme troublée se sent trahie

Toute la douleur du monde en elle réunie


C’est l’histoire brutale d’une rupture

Elle, le cœur béant offert dans l’obscur-

ité du silence a mal sans point de suture


C’est sûr que la vie, c’est pas que des pralines

Ni du choco avec de grosses tartines

Mais il y a pour elle, dans ce fini, un sale goût de rapine


C’est l’histoire stupide d’un désamour

Et les princesses c’est sûr préfèrent les toujours

Toujours je t’aimerai, ô mon amour…


Dans le réel, un jour, un serment, il lui donna

Et le sieur, à cette heure, n’en fait pas grand cas

Préférant semer alentours larmes et fracas


C’est l’histoire bancale d’une souffrance

Ô combien seul on est dans cette errance

Avec cette épée en nous qui lance, qui lance


Cette épée soudain elle s’en saisit

Et elle crie « Ton coeur va-t-il se laisser faire,

Mené, une fois de plus, par ton mental autoritaire ?»


C’est l’histoire merveilleuse d’un trésor

Né de leurs différences et de leurs corps

Qui, à ses yeux à elle, valent bien plus que de l’or


C'est l'histoire banale d'un amour...


mercredi 12 mars 2008

Mon 1er Slam !

Instant lucide, instant opaque

Je ne sais mais c’est une claque

Question décor, j’suis dans le tram

En moi il y a des boums des cracs des patatrams

La ville n’est-elle qu’un grand cloaque

Où tout, sous le verni, se craque ?

Qu’est-ce qu’on fout là, ç quoi cette rogne ?

Dans toute la ville, on se croise, on se cogne

Tout ce béton, ces gaz qui puent

Les klaxons, sirènes, la foule dans les rues

Espace enfants, espace santé, espace fumeur

Le manque d’espace est une tumeur

On sort en boîte, et si tu bosses

ç dans quelle boîte ?

Et à la fin, ç là aussi

Qu’on finira on le sait bien

Justement parlons-en de celle-là, la muerte !

Celle que dans les villes, on ne voit pas

L’alcool, la clope, la bouffe, le sexe

Pour lui échapper tout est prétexte

Mon cœur désemparé cherche le sens

Où sont les autres qui cherche l’essence

De leur âme, flottant à la crête des larmes,

Sans armure et sans arme ?

Je porte en filigranes de ma chair

Le rêve d’un monde sans enfer

Et pour trouver ce paradis

J’crois bien que j’dois m’casser d’ici

Je ne verrai plus ces faces de rats

Qui trop souvent m’mettent raplapla

J’irai humer le parfum des fleurs

Papoter près des pois de senteur

Compter fleurette aux papillons

Dans les champs pousser un ptit roupillon


Adieu monde des villes

Bonjour monde des mille et une nuits

Dans tes bras qui m’enlacent

Et dont jamais, je ne me lasse

samedi 1 mars 2008

Fragments de (ma) réalité

Mais dans quel tourbillon de VIOLENCE avons-nous été emportés, nous, les clowns en herbe lors de notre dernier stage? Nous nous sommes pris le bec (mais tu m’emmer… !), nous sommes jaugés-jugés (t’es trop moche !), nous sommes engueulés (je m’en fous !)…colère, dépit, rancune, frustration… Cortège émotionnel issu de la PEUR de se dévoiler (on a beau mettre un nez rouge, tout se voit !). Exploration du côté sombre de la Force. Après la lune de miel est venu le (nécessaire) désenchantement qui nous a fait entrer de plein pot dans la REALITE! Welcome ! Pour ma part, j’ai payé l’entrée par de grosses larmes…

Qu'en est-il du REEL quand il s’agit de télévision ? RTL-Tvi diffuse sa grande messe JTévisuelle à l’heure du repas familial. Images chocs. « Ames sensibles, abstenez-vous » précise le présentateur. J’ai passé outre. Trop tard. Il avait raison. Dans un couloir du métro, quatre gars, filmés par une caméra de surveillance, rouent de coup un agent de la sécurité. Le voilà par terre, il ne bouge plus. Tous s’éloignent sauf un, qui s’acharne. La brutalité qui l’habite est monstrueuse, incroyable. Il saute pieds joints, à deux reprises, sur le corps inerte du pauvre homme. Mon sang bout à la vue de ces images de VIOLENCE. Victime du téléviseur qui déverse impunément son Grand Cauchemar Hypnotique, désormais, la PEUR m’habite d’avoir entrevu la barbarie de nos villes.,

Le lendemain, vision d’un documentaire, diffusé par la RTBF. Autre forme de VIOLENCE: la barbarie à visage technologique. La firme américaine Monsanto, leader mondial de la biotechnologie est en train de transformer la planète en un gigantesque champ expérimental avec ses herbicides et autres semences transgéniques. Coton en Inde, maïs au USA et au Mexique, soja au Brésil, blé, lait… Seule l’Europe tente la résistance mais pour combien de temps ? Des scientifiques témoignent : les OGM surmultiplient les cellules de l’estomac avec la conséquence probable du cancer. Espèces naturelles en sursis, enfants contaminés mourant à petit feu, suicides de paysans. Cynisme à l’état pur de Monsanto qui n'en à que faire, soutenu aveuglément par l’administration alimentaire étasunienne, la Food & Drugs Administration. Histoire de gros sous. Tout qui a vu ce film ne peut qu’avoir PEUR quant à l’avenir de la planète car « qui contrôle les semences, contrôle le monde ». Cette REALITE-là a une tête de cauchemar.

En soirée me voici en voiture afin de rejoindre des amis pour une soirée Slam dans le centre ville. Projet sympa, n’est-il pas ? Mais pas de places de parking à moins de 500 mètres. Déçue, je renonce et décide de rentrer. Morale de l’histoire :
J’avais qu’à pas faire le clown en me laissant impressionner par la télévision !