mercredi 2 février 2011

L'inespoir par Chögyam Trungpa


L’exigence de base pour marcher sur la voie spirituelle, c’est l’inespoir. L’inespoir n’a rien à voir avec le désespoir. Il y a une différence. Le désespoir c’est de la paresse, un intellect insuffisant. On n’est même pas disposé à chercher la raison du désespoir. C’est un bide total. L’inespoir en revanche est très intelligent. On n’arrête pas de chercher. On tourne une page après l’autre en disant : « C’est sans espoir, c’est sans espoir. » On reste extrêmement vigoureux, inespérément vigoureux. On cherche encore des lueurs d’espoir, mais à chaque fois, on finit par se dire : « Ah non. Beurk !» L’inespoir n’arrête pas : il est très vigoureux, c’est une grande source d’inspiration. Il chatouille l’esprit comme si nous étions sur le point de découvrir quelque chose. Au moment de la découverte, nous disons : « Ah, enfin, j’ai trouvé !…Ah non. C’est la même rengaine qui rapplique. »
D’inespoir en inespoir, nous commençons à acquérir le sens de l’humour, ce qui nous empêche de devenir le roi des paresseux et des imbéciles.

in "Jeu d'illusion", vie et enseignement de Naropa, Points Sagesse, 1997

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