samedi 1 mars 2008

Fragments de (ma) réalité

Mais dans quel tourbillon de VIOLENCE avons-nous été emportés, nous, les clowns en herbe lors de notre dernier stage? Nous nous sommes pris le bec (mais tu m’emmer… !), nous sommes jaugés-jugés (t’es trop moche !), nous sommes engueulés (je m’en fous !)…colère, dépit, rancune, frustration… Cortège émotionnel issu de la PEUR de se dévoiler (on a beau mettre un nez rouge, tout se voit !). Exploration du côté sombre de la Force. Après la lune de miel est venu le (nécessaire) désenchantement qui nous a fait entrer de plein pot dans la REALITE! Welcome ! Pour ma part, j’ai payé l’entrée par de grosses larmes…

Qu'en est-il du REEL quand il s’agit de télévision ? RTL-Tvi diffuse sa grande messe JTévisuelle à l’heure du repas familial. Images chocs. « Ames sensibles, abstenez-vous » précise le présentateur. J’ai passé outre. Trop tard. Il avait raison. Dans un couloir du métro, quatre gars, filmés par une caméra de surveillance, rouent de coup un agent de la sécurité. Le voilà par terre, il ne bouge plus. Tous s’éloignent sauf un, qui s’acharne. La brutalité qui l’habite est monstrueuse, incroyable. Il saute pieds joints, à deux reprises, sur le corps inerte du pauvre homme. Mon sang bout à la vue de ces images de VIOLENCE. Victime du téléviseur qui déverse impunément son Grand Cauchemar Hypnotique, désormais, la PEUR m’habite d’avoir entrevu la barbarie de nos villes.,

Le lendemain, vision d’un documentaire, diffusé par la RTBF. Autre forme de VIOLENCE: la barbarie à visage technologique. La firme américaine Monsanto, leader mondial de la biotechnologie est en train de transformer la planète en un gigantesque champ expérimental avec ses herbicides et autres semences transgéniques. Coton en Inde, maïs au USA et au Mexique, soja au Brésil, blé, lait… Seule l’Europe tente la résistance mais pour combien de temps ? Des scientifiques témoignent : les OGM surmultiplient les cellules de l’estomac avec la conséquence probable du cancer. Espèces naturelles en sursis, enfants contaminés mourant à petit feu, suicides de paysans. Cynisme à l’état pur de Monsanto qui n'en à que faire, soutenu aveuglément par l’administration alimentaire étasunienne, la Food & Drugs Administration. Histoire de gros sous. Tout qui a vu ce film ne peut qu’avoir PEUR quant à l’avenir de la planète car « qui contrôle les semences, contrôle le monde ». Cette REALITE-là a une tête de cauchemar.

En soirée me voici en voiture afin de rejoindre des amis pour une soirée Slam dans le centre ville. Projet sympa, n’est-il pas ? Mais pas de places de parking à moins de 500 mètres. Déçue, je renonce et décide de rentrer. Morale de l’histoire :
J’avais qu’à pas faire le clown en me laissant impressionner par la télévision !

2 commentaires:

TAO a dit…

Une seule violence fondamentale : l'affirmation de soi. Deux formes : consciente et inconsciente.

Monsanto et le gars qui piétine le corps au sol, c'est la forme inconsciente. Ils ont probablement été enfermés dans une petite pièce sans fenêtre lorsqu'ils étaient enfants, et alors ils brandissent, adulte, le marteau massue qui pourra les libérer. Mais comme ils ne savent pas ce qu'ils font, ils tapent un peu n'importe où, et beaucoup trop fort, vu qu'ils ratent systématiquement la cible (visons large!).

Slam et clown sont une forme plus consciente. La scène : espace ouvert, délibéré où la violence peut se mettre en jeu sans (nécessairement) porter à conséquence. On peut réfléchir, comparer, prendre des notes, et peu à peu, centrer sur la cible.

Entre les deux, la distance qui sépare l'enfant de l'adulte. Le monde est dominé par des enfants égocentriques qui sautent sur place de rage parce qu'on leur a pris leur jouet.

nadinou a dit…

Bien vu ! Pour corroborer tes dires, dear, 2 citations :
Il faut plus de vertu à l'acteur furieux pour ne pas accomplir réellement un crime, qu'il ne faut de courage à l'assassin pour parvenir à réaliser le sien.
[ Lettre, à André Rolland, 8 avril 1933 ]
Antonin Artaud

L'animal humain est en général inconscient de ses actions, ce qui les rend encore plus révélatrices.
[ La Clé des gestes (1978) ]
Desmond Morris