
Une petite fille me regarde. Elle a quatre ans. « Et avant c’était trois » m’avait-t-elle dit lors de notre rencontre. C’est le réveillon de Noël. Foireux. Impression d’un guet-apens entre l’insupportable et l’inéluctable. A table, je mange à peine, toutes mes forces concentrées sur le chaos des sentiments qui tournoie dans mon cœur. Dans ce tumulte, je sens un regard sur moi. La petite me fixe de ses yeux ronds et rieurs.
Une heure plus tôt, seule dans le salon à digérer ma peine, elle avait bondit dans mes bras. « C’est mon frère qui m’a dit de le faire. » Conspiration de tendresse…Puis, elle était repartie pour revenir une minute plus tard. Même scénario. Elle se jette dans mes bras et en supplément, un bisou. La troisième fois, en plus du bisou, je reçus un « je t’aime » glissé à l’oreille.
Comme une vague paisible qui caresse et puis s’en va, la petite offrait sans arrière-pensée son unique trésor : un amour pur et innocent.
A table, long, long regard. A cet instant, je ne suis plus qu’avec elle. Elle me sourit d’une façon étrange presque impossible sur un visage d’enfant. Elle n’a plus d’âge. De nous tous, elle est l’aînée, l’ancêtre. Son sourire dit « Ne t’en fais pas, je suis là. C’est rigolo la vie, non ? »
Ce soir du réveillon de Noël 2010, j’ai rencontré un ange qui s’appelle Eleonora.