mardi 15 mars 2011

Dans les ovaires de ma mère

Dans les ovaires de ma mère, il y a la générosité des femmes qui portent l’enfant dans leur chair, et le font naître malgré la fatigue, malgré la douleur.

Dans les ovaires de ma mère, il y a la mémoire de ses sœurs louves, biches, baleines, grenouilles et libellules.

Dans les ovaires de ma mère, il y a les larmes des femmes exploitées, dominées, humiliées et violentées par le patriarcat.

Dans les ovaires de ma mère, il y a le trop grand souci de l’autre versus la trop grande négligence de soi.

Dans les ovaires de ma mère, il y a la bonté des femmes qui donnent sans compter, même si elles reçoivent peu.

Dans les ovaires de ma mère, il y a le rêve d’un monde en harmonie.

Dans les ovaires de ma mère, il y a toutes les générations mélangées depuis la petite fille jusqu’à la grand-mère archaïque.

Dans les ovaires de ma mère, il y a une femme qui court avec les loups. Elle porte dignement une couronne de fleurs et les oiseaux saluent son passage de leur chant.

Dans les ovaires de ma mère, il y a une peur viscérale, abyssale, sans nom.

Dans les ovaires de ma mère, il y a le chagrin inconsolable des mères qui perdent un enfant.

Dans les ovaires de ma mère, il y a la reconnaissance des femmes entre elles pour honorer le sacré.

Dans les ovaires de ma mère, il y a un cœur en compote du manque de caresses, de berceuses, de mots doux. Il est le legs des blessures des femmes avant elle.

Dans les ovaires de ma mère, il y a un cœur de compassion qui le relie d’un fil d’or à tous les cœurs des êtres sensibles de l’univers.

Dans les ovaires de ma mère, il y a tous les possibles du féminin ; princesse, amante, prostituée, sainte, mendiante, sorcière, fée, magicienne.

Dans les ovaires de ma mère, il y a la force d’être vulnérable.

Dans les ovaires de ma mère, il y a la beauté du dedans et le regard des femmes qui voient la beauté en chaque instant.

Dans les ovaires de ma mère, il y a une fille qui prend soin d’elles.

Dans les ovaires de ma mère, il y a la dépendance à l’homme, la peur de perdre celui qui l’a fait vibrer, en oubliant que c’est d’être amoureuse qui est à l’origine de la vibration.

Dans les ovaires de ma mère, il y a l’amour d’une femme, fille de la Mère cosmique pour un homme, fils du Père céleste.

Dans les ovaires de ma mère, il y a des anges qui, avec leur trompette, soufflent des notes légères et guérisseuses en forme de bulles à savon. Elles disent : « Si tu as besoin d’aide, demande et je te l’apporterai ».

Dans les ovaires de ma mère, il y a six œufs qui seront fécondés, dont un, celui de la petite dernière, qui contient mon passé, présent et futur, le tout rassemblé.

Dans les ovaires de ma mère, il y a des particules d’amour en dedans l’ADN tout comme dans chaque recoin de l’espace.

Dans le silence des ovaires de ma mère, il y a un chant inaudible. Il dit : « All is full of love »

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