mardi 10 août 2010

Le cadeau


Elle ne me voit pas, ni ne sens mon regard sur elle. Je me suis éloignée. De là où je suis, je peux la voir. Je regarde ma mère.
Son visage est impassible. Seuls ses yeux bougent, se posent sur l’un ou l’autre. Elle écoute, ne dit rien. Personne ne lui parle. De temps en temps, elle prend son verre de vin et bois un peu. Elle semble très loin, là physiquement et comme invisible. Enclose, au-dedans d’elle-même.
Sa solitude me touche. D’elle émane un désespoir silencieux. Elle attend ou peut-être n’attend-t-elle plus rien ? En un éclair, je perçois sa vie d’enfant non cajolée, son vide intérieur qui se lit dans son regard vide lui aussi.
Elle est ma mère, celle qui m’a portée et a donné de sa chair pour me faire naître. Elle m’a donné ce cadeau et c’est déjà immense. L’essentiel. Le reste a été de me transmettre ce sentiment de vide. Ce manque d’elle, je l’ai combattu de tant de colère d’incompréhension et de larmes de chagrin. J’ai voulu la réveiller, lui crier que j’existais. Et aussi la porter, l’aider, la délivrer de son sortilège.
Aujourd’hui, je lis en elle comme dans une eau transparente. Elle est ainsi. C’est sa vie, son choix et son non-choix.
Je me lève et m’approche d’elle. Je pose doucement mes mains sur ses épaules. Je lui offre ce qui nous a manqué. Enfin, je suis son amie.

1 commentaire:

clelia a dit…

c'est toi la petit fille ?? craquante !! :)