mercredi 17 février 2010

Coeur à nu


La douceur de sa peau me surprend.
Sa main douce dans la mienne, je regarde mon père et lui aussi me regarde. Une question presque une imploration vibre au bord de son regard. Peut-être est-ce de se sentir partir vers un ailleurs qu’il redoute?
Je le sens perdu. Sa minceur de vieil homme malade me touche.
Peu de mots franchissent nos lèvres, lui, disant qu’il croit pouvoir s’en sortir. Moi, de l’encourager à reprendre des forces. Des mots inutiles car dame Mort sait quand l’heure sonne juste pour chacun.
Entre les mots, du silence et nos regards qui en disent long…
Malgré la maladie, malgré sa difficulté de partir, malgré l’émotion qui balaie les souvenirs, quelle paix et quelle joie pour moi d’être auprès de mon père.
Longtemps redouté, le voici le cœur à nu, dépossédé par la colère. Les barrières sont rompues, je peux l’approcher et être là à sentir sa présence et son absence, bientôt.
Ma mère, cinq minutes plus tôt, me disait combien elle souhaitait mourir vite, presque par accident.
Pourtant comme ces moments sont précieux sur le fil de la vie.
Nos histoires se sont emmêlées. Il a joué son rôle dans la mienne, moi dans la sienne. Ce furent des moments parfois complices, souvent très rudes. Quelques sourires vite masqués, souvent des larmes et des mots qui font mal. Qu’il me permette de l’approcher et les drames s’effacent, les meurtrissures se réparent.
On se regarde. Il est ému. Je suis heureuse de ce moment et je lui dis merci. Puis au revoir car c’est ainsi que l’on dit même si on ne sait si ce sera le cas.

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